À l’heure des mains jointes (1906)/Départ
DÉPART
La lampe des longs soirs projette un rayon d’ambre
Sur les cadres dont elle estompe les vieux ors.
L’heure de mon départ a sonné dans la chambre…
La nuit est noire et je ne vois rien au dehors.
Je ne reconnais plus le visage des choses
Qui furent les témoins des jours bons et mauvais…
Voici que meurt l’odeur familière des roses…
La nuit est noire, et je ne sais pas où je vais.
Devrais-je regretter cet autrefois ?… Peut-être…
Mais je n’appartiens point aux regrets superflus…
Je marche devant moi, l’avenir est mon maître,
Et, quel que soit mon sort, je ne reviendrai plus.