À genoux/Le Ressuscité

Alphonse Lemerre (p. 124).

XVII

LE RESSUSCITÉ


 
Autour de ma douleur mes rêves, mes remords,
À qui s’est mon amour soumise tout entière,
J’ai dressé mon orgueil et ma grandeur altière,
Comme un grand mur de marbre autour d’un champ de morts.

Mais par moments, grâce à d’innombrables efforts,
Secouant et tordant son linceul de matière
Et d’un seul cri faisant frémir le cimetière,
Surgit l’Enseveli fort entre les plus forts.

Il brise d’un seul coup d’épaule la muraille
Impénétrable, et dans la foule qui le raille
Magnifique, divin, froid et silencieux

Il marche, cependant que les hommes ultimes,
Autrefois ses bourreaux, maintenant ses victimes,
Le regardent s’enfuir vers la splendeur des cieux.