À genoux/À celle qui n’a pas la force de résister

Alphonse Lemerre (p. 121).

XV

À CELLE QUI N’A PAS LA FORCE DE RESTER


 
Pars donc ! Laisse-moi seul à ma triste existence.
Je rends grâce aux dieux, en ce jour attristé,
De me montrer enfin ton âme de potence
Dans toute la hideur de son impureté.

Pars donc ; mets entre nous le temps et la distance,
Toi qui n’as jamais rien pleuré ni regretté,
Qui n’avais que l’amour sans avoir la constance,
Qui n’avais que l’orgueil sans avoir la fierté !

Va t’en, spectre hideux, souvenir d’un autre âge,
Espèce de navire usé qui fait naufrage ;
Il ne restera rien pour d’autres, j’ai tout pris.

Ce que j’aimais d’abord c’était ma jouissance.
Et si je verse encor des pleurs sur ton absence,
Ce ne seront jamais que des pleurs de mépris.