À Madame S…
(p. 244-245).


À Madame S…

cantatrice


Le son de votre voix, Madame, est bien pareil
À un rayon de ciel — et qui ne le sait pas,
D’où vient-il, le rayon? Il nous vient du soleil,
Source de lumière, que Dieu nous dévoila.

Mais c’est l’autre source, qu’il nous tient en secret.
Où est le reservoir des mélodieux rayons —
C’est un mystère sacré et nul ne le sait,
Où se trouve la source et le soleil des sons.

Il est dans l’invisible, il est dans le divin,
Car il y a dans le chant un rayon angélique,
Qui descend sur nos âmes en murmur argentin —
Et d’un parfum celeste arrose la musique.

Musique est une fleur, le chant est son arôme
Et c’est par vous, Madame, que ce souffle du ciel
Nous parvient et nous charme et de l’oubli embaume
Tous nos maux et nos pleurs, tel un rêve éternel.

Soyez bienvenue, douce annonciatrice
De l’invisible soleil aux parfums mélodieux,

Que Dieu créa pour l’homme, pour qu’il pressentisse
Un monde, où ne règnent que les chanteurs des cieux.

Vous êtes sœur jumelle de ce chœur ailé.
Dans vos yeux brille un charme, qui ne pouvait pas naître
Ici bas. Les anges pour sûr vous l’ont donné —
Et c’est qui divinement nous enchante et penètre.