À Madame Desbordes-Valmore

À MADAME DESBORDES VALMORE.

STANCES.


Peintre et poëte tour à tour,
Tendre et touchante Marceline,
Apollon, au nom de l’Amour,
Te prêta sa lyre divine.
Tout cède au prestige charmant
Des chants plaintifs que tu soupires,

Chantre naïf du plus doux sentiment,
Tu le peins comme tu l’inspires.

J’avais vu fuir avec douleur
Cette tendre mélancolie,
Ce vague heureux, premier bonheur
Et premier besoin de la vie.
Je pleurais ce prisme enchanté
Par qui tout plaît, tout se colore,
Mais je t’écoute, et mon cœur agité
Te doit une seconde aurore.

De l’amour les brûlants désirs
À ta voix échauffent mes veines ;
Tu fais envier ses plaisirs,
Et tu fais regretter ses peines.
On voit renaître sous tes doigts
La muse dont Lesbos s’honore,
Et chaque son de ton luth, de ta voix,
Nous dit : Sapho respire encore !