À Charles Baudelaire (Guaita)
À Charles Baudelaire
Ô mort, vieux capitaine, il est temps : levons l’ancre :
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! appareillons !
Les Fleurs du mal. Le Voyage.
C’est en jaspe sanguin, de vieil or incrusté,
Maître, que le poëte au cœur chaud t’édifie
Un sépulcre : le jaspe fraternel défie,
— Comme tes vers — l’affront de l’âpre vétusté.
Or l’envie est muette ; et le Siècle, dompté
Par ton rhythme enchanteur, Maître, te déifie,
De Paris à Moscou — jusqu’à Philadelphie ;
Et ton nom, clair de gloire, aux astres est monté.
L’Ame Mystique vit son rêve d’outre-tombe :
Montre-toi donc, poëte, et que le rideau tombe,
Qui voile l’élysée où sont les demi-dieux !
Ouvre un œil agrandi d’extase coutumière
Sur le chœur prosterné de tes enfants pieux
Qui font vibrer vers toi leur hymne de lumière !
- Décembre 1883.