« Je n’ai plus que les os, un Squelette je semble »

« Je n’ai plus que les os, un Squelette je semble »
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 483).

I

Je n’ay plus que les os, un Squelette je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grans maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir, leur mestier m’a trompé :
Adieu plaisant Soleil, mon œil est estoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se desassemble.
Quel amy me voyant en ce poinct despoûillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lict et me baisant la face,
En essuiant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu chers compagnons, adieux mes chers amis,
Je m’en vay le premier vous preparer la place.