Au pays de ma reine il est un haut palais,
Sept piliers dorés le supportent.
Ma reine, à moi, possède un bandeau de sept perles
Que mille et mille pierres décorent.
Et dans le vert jardin, au pays de ma reine,
La rose et le lis sont éclos ;
Et parmi l’eau d’argent d’une pure fontaine
Son beau front mire ses joyaux.
Mais à ce que dit l’onde, insensible est la reine,
Elle n’aperçoit point les fleurs ;
En l’azur de ses yeux flotte une ombre de peine,
Et son rêve est plein de ses pleurs.
Elle regarde : Loin dans un pays nocturne,
Parmi la neige et les frimas,
Contre l’horrible nuit, en combat taciturne,
Meurt celui qui l’abandonna.
Elle jette à ses pieds alors son diadème,
Et quitte le palais doré.
Au seuil de l’infidèle, en une heure suprême,
Son appel tressaille inspiré.
Le jeune avril se tient penché sur l’hiver sombre.
De même elle a brillé pour Lui ;
L’a recouvert, avec des caresses sans nombre.
De son doux vêtement qui luit.
Et les forces du mal déjà gisent en cendre.
Une pure ardeur l’envahit.
Tournant vers Lui sa face éternellement tendre
Tout bas à l’amant elle dit :
« Ton vouloir est pareil à la mer agitée,
Tu juras de m’aimer vraiment...
Tu me trompais. — Mon cœur aussi m’eût-il trompée,
Quand tu trahissais ton serment ?