Texte établi par Henri MartineauLe Livre du divan (Napoléon. Tome Ip. 31-32).


CHAPITRE IX


Tel était le général en chef Bonaparte à son retour en France, après la conquête de l’Italie ; du reste l’objet de l’enthousiasme de la France, de l’admiration de l’Europe et de la jalousie du gouvernement qu’il avait servi. Il fut reçu par ce gouvernement soupçonneux avec toutes les démonstrations de la confiance et de la considération, et nommé, même avant son arrivée à Paris, l’un des commissaires plénipotentiaires au congrès réuni à Rastadt pour la pacification générale. Il se débarrassa bien vite d’un rôle qui ne lui convenait pas. Le Directoire, qui se voyait à la tête d’une république jeune et forte, entourée d’ennemis affaiblis, mais irréconciliables, était trop sage pour vouloir la paix. Bonaparte se débarrassa également du commandement de l’armée d’Angleterre auquel il fut nommé. Le Directoire n’était pas assez fort pour conduire à bien une telle entreprise. Cependant le jeune général voyait, et tout le monde voyait aussi, qu’il n’y avait pas, en France, de place qui pût lui convenir. La vie privée même était pour lui pleine de dangers ; sa gloire et toute sa manière d’être avaient quelque chose de trop romanesque et de trop entraînant. Ce moment de l’histoire fait l’éloge de la probité des Directeurs et montre quel chemin nous avons fait depuis les temps de Marie de Médicis. Souvent, à cette époque, et dans d’autres moments de découragement, Bonaparte désira avec passion le repos de la vie privée. Il croyait trouver le bonheur à la campagne[1].



  1. Ici prendre deux pages à Mme la Baronne [de Staël].