Traité populaire d’agriculture/Excrétions proprement dites

SECTION DEUXIÈME.

Excrétions proprement dites.

Ce sont des fluides plus ou moins épais, susceptibles même quelquefois de se solidifier, qu’un grand nombre de végétaux rejettent à l’extérieur par différentes parties.

Leur nature est extrêmement variée.

On peut distinguer trois classes d’excrétions.

1oLes matières dont s’enveloppe la surface du végétal pour sa conservation et sa protection. Ce sont, en général, des matières résineuses, imperméables à l’eau, pouvant empêcher les effets de l’humidité extérieure sur les tissus, et modérer l’évaporation. Telle est cette matière cireuse qui, sous forme d’une poudre blanchâtre, recouvre certaines feuilles, celles du chou par exemple, et certains fruits, comme la prune.

2oLes matières rejetées au dehors, non comme impropres à la nutrition, mais uniquement parce qu’elles se trouvent en excès et qu’il s’en est formé plus qu’il ne peut s’en consommer pour les besoins de la plante. Tels sont les divers sucs qui s’échappent de l’écorce des fruits, les résines de l’écorce des sapins et autres arbres verts.

3oLes matières véritablement impropres à la nutrition et rejetées au dehors ; ce sont les seules qui méritent le nom d’excrétions.

Des excrétions de la plante on a déduit une théorie des assolements, c’est-à-dire de la succession des cultures différentes que l’on doit annuellement remplacer l’une par l’autre, si l’on veut tirer du même terrain plusieurs bonnes récoltes successives.

On prétendait que l’excrétion des racines déposait dans le sol des matières qui le viciaient de manière à nuire, dans le même lieu, à la végétation des plantes de la même espèce ou d’espèces différentes, mais qui, d’un autre côté, favorisaient certaines autres espèces.

Nous étudierons cette question importante au chapitre des assolements, dans le second livre de ce traité.