Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 1/Préface du traducteur


PRÉFACE


DU TRADUCTEUR

Le nom de Caboul est peu connu en France, et cela n’est pas étonnant. Le royaume de Caboul est en quelque sorte une création toute nouvelle ; il s’est formé, vers le milieu du siècle dernier, par la réunion de plusieurs provinces comprises dans les traités de géographie, sous la dénomination de pays des Agwans ou des Afghans.

La vallée de Cachemire, l’une des contrées soumises à la domination du roi de Caboul, et que plusieurs voyageurs ont représentée comme une espèce de paradis terrestre, ne nous est guère connue que par ses schalls magnifiques, dont on a vainement cherché ailleurs à imiter la finesse.

C’est au peu de relations que nous avons avec ce vaste empire peuplé de quatorze millions d’âmes, mais enfoncé dans les terres, et entouré de déserts arides, que l’on doit attribuer le peu d’intérêt qu’il a inspiré jusqu’ici en Europe.

Bernier, au dix-septième siècle, le P. Krusinski, un peu plus tard, et plus récemment le voyageur anglais Foster, ont visité le pays des Afghans, et en ont publié des relations intéressantes ; mais leurs écrits laissent beaucoup à désirer, soit parce qu’ils n’ont pas tout vu, soit parce que depuis leur voyage il s’est fait dans le gouvernement, dans les mœurs même des changemens considérables.

Nul n’étoit plus à portée d’en tracer un tableau complet que l’ambassadeur sir Mountstuart Elphinstone, qui y fut envoyé, il y a peu d’années, par la compagnie anglaise des Indes.

J’ose dire que depuis les voyages de Cook, et depuis la mémorable ambassade de lord Macartney à la Chine, il n’a point paru de relation plus intéressante par le nombre et la nouveauté des objets qu’elle embrasse[1].

Ce n’est pas que j’aie cru devoir donner une traduction entière du récit et des descriptions de ce voyageur. Des détails purement géographiques multipliés à l’excès, et l’immense nomenclature d’une multitude de petites tribus ont dû être écartés de cet ouvrage, destiné à faire suite à la collection de mœurs et costumes qu’a entreprise M. A. Nepveu, libraire, et pour la continuation de laquelle il a reçu les encouragemens les plus flatteurs ; mais j’ai traduit fidèlement, sans retranchement et sans augmentation, tout ce qui rentroit dans le plan que se sont formé et le libraire et les auteurs à qui il a eu recours[2].

J’ai cru devoir éclaircir, par une note, les conjectures que présente M. Elphinstone sur les Caufirs, peuplade singulière que je suppose être une branche ou plutôt une secte des Guèbres, mais dont il n’avoit été question jusqu’ici dans les écrits d’aucun voyageur, ni dans aucun traité de géographie.

Les soins qu’a pris le voyageur anglais pour se procurer des renseignemens exacts sur un peuple que sa situation et son intolérance religieuse rendent presqu’inaccessible, sont de sûrs garans de son amour pour les progrès de la géographie, et de l’attention scrupuleuse qu’il a apportée dans les observations qui lui sont propres.

M. Elphinstone a rejeté à la fin de son ouvrage, et dans un Appendix, une Notice historique fort intéressante sur le royaume de Caboul et sur les étonnantes révolutions qu’il vient d’éprouver. J’ai trouvé convenable de suivre une marche contraire, et de présenter d’abord cette Notice sous la forme d’Introduction, après en avoir élagué quelques longueurs superflues.

De cette manière, on sera plus à portée de juger le but réel de l’ambassade anglaise, but sur lequel l’auteur a affecté de garder le silence ; on appréciera mieux d’un autre côté les événemens qui ont forcé le roi de Caboul, peu de temps après l’arrivée des Anglais, à quitter précipitamment le séjour de Peshawer : nos lecteurs verront sans doute dans ce récit un rapprochement singulier avec la douloureuse catastrophe dont nous avons été nous-mêmes témoins au printemps de 1815.

  1. Les journaux anglais viennent d’annoncer, comme une singularité, le voyage de M. Pottinguer dans le Bélochistan, qui n’est qu’une province du Caboul.
    (Note du Traducteur.)
  2. Je dois répéter ici que je ne suis pas seul auteur de cette collection dont les diverses parties ne seroient pas de nature à sortir d’une même plume. Quoique j’aie composé une grande partie des relations, il en est dont le public est redevable à MM. Langlès, Castellan, Marcel, Geoffroy et P...... Les ouvrages qui ont paru jusqu’ici, et qui peuvent se réunir ou se séparer à volonté, sont :
    • La Chine en Miniature, 6 vol. in-18, ornés de 108 gravures.
    • La Turquie, ou les Mœurs des Ottomans, par M. Castellan, 6 vol. in-12, ornés de 72 grav.
    • La Russie, 6 vol. in-18, ornés de 111 gr.
    • L'Égypte et la Syrie, 6 vol. in-18, ornés de 84 grav.
    • L’Illyrie et la Dalmatie, 2 vol. in-18, ornés de 32 grav.
    • L’Espagne et le Portugal, 6 vol. in-18, ornés de 54 grav.
    • L’Afrique, la partie comprise sous le nom de Sénégal, 4 vol. in-18, ornés de 47 grav.
    • L’Indoustan, 6 vol. in-18, ornés de 104 grav.
    • Voyage à la Mekke, dans l’Inde et en Perse, 5 vol. in-18, ornés de 20 grav.
    • Les Marattes, 2 vol. in-18, ornés de 10 grav.
    • Vues et Costumes de la Chine et de la Tartarie, 2 vol. in-18, ornés de 53 grav.
    • Le Vernis, ou l’Art de l’extraire et de l’appliquer, 1 vol. in-18, orné de 11 gr.
    • Le Bambou, ou l’Art d’en fabriquer du papier, 1 vol. in-18, orné de 13 grav.
    En tout 56 volumes in-18, ornés de plus de 800 gravures, du prix de 203 fr., et avec les 800 gravures coloriées, 312 fr.