Suite des Réflexions critiques sur l’usage présent de la langue française/N

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N

Natal, natale.


De ce qu’un mot se dit par licence en Poësie, il ne s’ensuit pas qu’on puisse s’en servir en Prose : cependant pour persuader que je me suis trompé, de croire que natal n’avoit point de feminin, on me cite ce Vers cy :

Renonçant aux douceurs de sa natale Terre,
Aux plus lointins Païs alla chercher la Guerre,

Comme si une licence de Poëte pouvoit faire authorité pour la Prose ; On ne dit point en Prose sa ville natale, sa terre natale, sa demeure natale, sa journée natale, pour son lieu natal, son païs natal, son air natal, son jour natal.


Noms propres mal assortis.

Exemple : Paris, Lyon & Vaugelas, se servent tous trois de ce mot.

Je dis que ces noms propres sont ridicules ensemble de la maniere qu’ils sont mis icy ; il faudroit, afin qu’il n’y eût point de faute, qu’ils fussent ou tous trois des noms d’hommes, ou tous trois des noms de païs : l’Auteur des Remarques nouvelles n’y a donc pas fait réflexion, sans doute, quand il a dit Genéve, Louvain & Marolles, disent tous trois, je ne boiray point de ce fruit de vigne ; Qui ne croiroit à ce langage, que Genéve, Louvain & l’Abbé de Marolles, sont trois personnages dont nôtre Auteur veut parler ?