Debécourt, Libraire-Éditeur (p. 17-22).


SUR LES PASSIONS.




Dieu est le but de l’homme ; et pour que l’homme trouve sa paix et son bonheur en ce monde, Dieu doit être son unique but. La passion a un but aussi, et ce but est la créature. De là, les orages et les malheurs qui viennent assaillir nos cœurs quand nous laissons la passion s’en rendre maîtresse. Il y a là une déviation de l’ordre moral qui doit être nécessairement punie ; car si l’homme trouvait son bonheur dans la passion, Dieu deviendrait inutile. La passion comble ce vide immense que Dieu laisse au fond de nos cœurs pour nous faire sentir que sans lui nous sommes incomplets ; et, par la même raison, Dieu a soin de rendre vains tous les efforts que nous faisons pour remplir ce vide par autre chose que par lui.

La passion, souvent si coupable, est moins funeste à l’homme que le vice. Elle use et dévaste l’âme où elle règne, mais le vice la flétrit. L’âme passionnée peut diriger vers Dieu l’ardeur et l’activité qui l’ont égarée ; l’âme vicieuse doit se renouveler entièrement avant d’offrir à Dieu un hommage digne de lui.

Éclairez-moi, ô mon Dieu, enseignez-moi vos voies, et ouvrez mes yeux à votre lumière.