Poésies (Amélie Gex)/Novembre

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 41-43).

NOVEMBRE



    Flambe, flambe, ma bourrée,
    Sur les noirs chenets de fer,
    Lance ta flamme azurée
    Du foyer joyeux éclair ;
    C’est la première soirée
            De l’hiver.

Brrr… ! Brrr… ! brrr !… voici la bise ;
Fermons la porte et l’auvent
            Au vent ;
    Laissons gémir, à leur guise,
    Le lourd portail de l’église
    Et le vieux coq de fer-blanc
            Tremblant…
        Quand la tempête
        Hurle, ma foi !
        C’est une fête
        D’être chez soi !

Quel vacarme et quel orage !
Dehors on ne ferait pas
            Trois pas ;

    Pour ouïr un tel tapage,
    De l’enfer l’aréopage
    Doit sonner un branle-bas,
            Là bas !…
        Quand la tempête
        Hurle, ma foi !
        C’est une fête
        D’être chez soi !

    Sur le toit, la girouette
    Grince et fait, à chaque assaut,
            Un saut.
    Ah ! pour sûr, dans sa chambrette,
    La pauvre vieille Nanette
    Ne doit pas avoir, là-haut,
            Bien chaud !…
        Quand la tempête,
        Hurle, ma foi !
        C’est une fête
        D’être chez soi !

    Sur la table étendez la nappe ;
    Servez la viande et les choux,
            Dessous.
    Que le diable crie ou jappe,
    On n’ouvrirait pas au pape
    Quand il frapperait, chez nous,
            Vingt coups !….

            Quand la tempête,
            Hurle, ma foi !
            C’est une fête
            D’être chez soi !

    Flambe, flambe ma bourrée
    Sur les noirs chenets de fer,
    Lance ta flamme azurée
    Du foyer joyeux éclair ;
    C’est la première soirée
            De l’hiver.