Poésies (1820)/Romances/À la Seine

PoésiesFrançois Louis (p. 137-138).


À LA SEINE.


Rive enchantée,
Berceau de mes amours ;
Onde argentée,
Image des beaux jours ;
Que ton cours est limpide !
Que ta fuite est rapide !
Ah ! pour mon cœur,
C’est l’adieu du bonheur.

Déjà ma lyre
Gémit dans les roseaux ;
Et mon délire
A fait frémir tes eaux.
La naïade plaintive
Se penche sur la rive
Pour m’écouter,
Me plaindre, et m’arrêter.


Cette eau si belle
T’abandonne en courant ;
Moi, plus fidelle,
Je m’éloigne en pleurant.
Demain celui que j’aime
M’appellera lui-même !…
Vœux superflus !
Je ne l’entendrai plus.

Ah ! dans ta course,
Emporte mes tourmens !
Mais, à ta source,
Retiens tous mes sermens !
Si l’objet que j’adore
Vient m’y chercher encore,
Dis-lui qu’Amour
T’a promis mon retour,