Poésies (1820)/Élégies/L’Inquiétude

PoésiesFrançois Louis (p. 32).


L’INQUIÉTUDE.


Qu’est-ce donc qui me trouble ? et qu’est-ce que j’attends ?
Je suis triste à la ville, et m’ennuie au village ;
Les plaisirs de mon âge
Ne peuvent me sauver de la longueur du temps.
Autrefois l’amitié, les charmes de l’étude,
Remplissaient sans effort mes paisibles loisirs.
Oh ! quel est donc l’objet de mes vagues désirs ?
Je l’ignore, et le cherche avec inquiétude.
Si pour moi le bonheur n’était pas la gaiîté,
Je ne le trouve plus dans la mélancolie ;
Mais si je crains les pleurs autant que la folie,
Où trouver la félicité ?
Et vous qui me rendiez heureuse,
Avez-vous résolu de me fuir sans retour ?
Répondez, ma Raison… Incertaine et trompeuse,
M’abandonnerez-vous au pouvoir de l’Amour !…
Hélas ! voilà le nom que je tremblais d’entendre !
Mais l’effroi qu’il inspire est un effroi si doux !…
Raison ! vous n’avez plus de secret à m’apprendre,
Et ce nom, je le sens, m’en a dit plus que vous !