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à tout Paris. Je n’ai point été étonné du succès de votre pièce ; non-seulement elle fournit beaucoup de jeu de théâtre, mais le dialogue m’en a paru naturel et rapide ; elle est aussi bien écrite que bien intriguée. Il est à croire que vous ne vous bornerez pas à cet essai, et que le Théâtre-Français s’enrichira de vos talents. Ma plus grande consolation, dans ma vieillesse languissante, est de voir que les beaux-arts, que j’aime, sont soutenus par des hommes de votre mérite.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime qui vous est due, monsieur, etc.


6172. — À M. DAMILAVILLE.
30 novembre.

J’ai lu Thrasybule[1] mon cher ami : il y a de très-bonnes choses et des raisonnements très-forts. Ce n’est pas là le style de Fréret ; mais n’importe d’où vienne la lumière, pourvu qu’elle éclaire. Il eût été plus commode pour le lecteur que cet ouvrage eût été partagé en plusieurs lettres. On divise les pièces de théâtre en cinq actes, pour donner du relâche à l’esprit.

Jean-Jacques se conduit toujours comme un écervelé ; cet homme-là n’a pas en lui de quoi être heureux.

J’ignore toujours si le petit paquet que le sieur Boursier m’a dit vous avoir envoyé[2] de Genève par M. de Courteilles vous est parvenu.

Comment va votre mal de gorge ? Ma santé est actuellement fort mauvaise : je suis accoutumé à ces dérangements ; ils n’affaiblissent pas assurément les tendres sentiments que j’ai pour mon cher ami. Je recommande toujours les pauvres Sirven à votre humanité bienfaisante.


6173. — À M. CHRISTIN FILS,
avocat à saint-claude[3].
2 décembre.

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi[4], que je vous prie instamment

    Français, le Tuteur dupé, comédie en cinq actes et en prose. Il avait donné, en 1763, la présomption à la mode ; voyez tome XLII, page 540.

  1. Voyez la note sur la lettre 6138.
  2. La Collection de lettres sur les miracles ; voyez lettre 6164.
  3. Voyez la note, tome XIX, page 444.
  4. Claude Guillon, gentilhomme franc-comtois, eut, en juillet 1629, la tête