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N. B. Vous saurez qu’ennuyé de la négligence du gros Gabriel, j’ai envoyé mon exemplaire de Corneille à l’adresse de M. Duclos, à la chambre syndicale, par la diligence de Lyon. Je supplie le philosophe frère Damilaville de vouloir bien payer les frais : c’est un philosophe de finance avec lequel je m’entendrai fort bien. Adieu ; je vous embrasse ; je suis bien vieux et bien malade.


5911. — À M. DAMILAVILLE.
5 février.

Mon cher frère, vous aurez incessamment la petite Destruction d’Alembertine, et le premier voyageur qui partira pour Paris vous apportera une bonne provision de petits diabloteaux.

M. Delaleu doit vous remettre un papier important concernant mes affaires temporelles. C’est mon testament, ne vous déplaise, auquel il faut que je fasse quelques additions. Je le recommande pourtant à vos bontés, qui s’étendent à tous les objets[1].


5912. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
10 février.

Mon divin ange, je ne vous croyais pas si ange de ténèbres que le dit cet abominable fou de Vergy[2]. Je me souviens bien que Rochemore[3] vous appelait furie, mais c’était par antiphrase, comme disent les doctes. Je ne crois pas que ce Vergy trouve beaucoup de partisans, ni même de lecteurs. Je ne crois pas qu’il y ait un plus ennuyeux coquin. N’est-ce pas un parent de Fréron ? Dites-moi, je vous prie, si on joue quelquefois l’Ecossaise ; j’ai peur qu’elle ne soit au rang des pièces que le tyran du tripot empêche de jouer, par sa belle disposition des rôles. Je lui ai écrit en dernier lieu[4], je lui écrirai encore. J’ai peur qu’une

  1. Vovez la note sur la lettre 5907.
  2. Pierre-Henri Treyssac de Vergy, avocat au parlement de Bordeaux, alors à Londres, avait publié une (seconde) Lettre à monseigneur le duc de Choiseul, ministre secrétaire d’État en France ; Liège (ou Londres), 1764, in-4o de trente pages, ayant pour épigraphe ce vers d’Horace :

    Solventur risu tabulæ, tu missus abibis.

    Il y parle (pages 4-6) de d’Argental en termes peu flatteurs. Une première Lettre à monseigneur le duc de Choiseul n’a que quatre pages. (B.)

  3. Voyez la note 2, tome XXXIII, page 410.
  4. Vovez la lettre 5896.