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été entendu : 168 commissions pour le placement des orphelins y fonctionnent sous la surveillance de l’administration municipale ; elles comprennent 768 membres et 370 dames patronnesses. »

En Angleterre, il existe deux catégories d’écoles pour les enfants abandonnés ou les jeunes délinquants : les Reformatories et les Industrial Schools. « La population des premiers établissements s’accroît peu. Elle était de 3,702 en 1860 ; en 1861, elle est de 5,518. Mais celle des écoles industrielles se développe dans des proportions considérables ; de 1,668 en 1864. elle est montée en 1881 à 16,955. Parmi les élèves de ces derniers établissements, il en est de bien des catégories, depuis l’enfant qui par une étourderie coupable a commis quelque méfait, jusqu’à celui qui a été recueilli vivant dans la compagnie habituelle des voleurs et des femmes de mauvaise vie. N’y aurait-il point lieu d’établir des distinctions en vue de prévenir les effets d’une promiscuité fâcheuse ? L’inspecteur chargé de visiter ces établissements paraît le penser ; il émet l’avis qu’il conviendrait de créer des établissements spéciaux pour les enfants dépravés les plus incorrigibles.

Il constate que presque toujours l’indiscipline des jeunes détenus a pour cause un vice de direction de la part du maître, le plus souvent son manque de fermeté. C’est le maître qui fait l’école ; la première chose que doit se rappeler le directeur, c’est que la discipline doit être maintenue et que la bienveillance doit en être le principe. »

Les éducatrices : Jacqueline Pascal, par Mlle Marie Châteauminois de la Forge (Revue politique et littéraire, no du 3 février 1883). — Mlle Châteauminois, qui analysait, il y a quelques mois, dans la Revue politique et littéraire, les parties pédagogiques du Grand Cyrus, continue ses études sur les « éducatrices », et nous donne maintenant un portrait de Jacqueline Pascal. Tout a été dit, ce semble, sûr la directrice des petites écoles féminines de Port-Royal, par Sainte-Beuve, par Cousin, par M. Compayré et, tout récemment, par M. Gréard. Mlle Châteauminois n’a pas la prétention de refaire ce qui avait été déjà fait, et plusieurs fois, de main de maître : mais elle a des mots heureux pour caractériser l’œuvre de l’austère janséniste qui « transformait l’école en purgatoire, afin d’ouvrir plus sûrement à ses élèves les portes du paradis ». Maîtresse femme, d’ailleurs, âme haute et passionnée, avec des échappées à la Pascal. Est-ce lui ou elle qui a écrit, sous la menace des persécutions : « Que craignons-nous ? le bannissement pour les écoliers, la dispersion pour les religieuses, la saisie du temporel, la prison et la mort, si vous voulez ; mais n’est-ce pas notre gloire, et ne doit-ce pas être notre joie ? » Et encore ce cri de révolte : « Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d’évêques. Si ce n’est pas à nous à défendre la vérité, c’est à