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dont il convoitait la place — et il l’eut en effet aussitôt Cardan parti — et que les persécutions qui empoisonnèrent les dernières années du séjour de Cardan à Pavie ne sont pas tout à fait les rêveries d’un maniaque.

Pour quitter Pavie, Cardan fait appel à son puissant protecteur le cardinal Borromée[1], légat du pape à Bologne. Les difficultés soulevées contre sa candidature à l’université de Bologne, les défiances des Bolonais, les négociations interminables, les rapports de l’enquêteur envoyé à Pavie n’ont pas existé dans sa seule imagination troublée par la mort de son fils. Presque jour par jour on peut les suivre dans la correspondance et dans les registres des Quarante[2].

Puis Cardan, qui a réussi à faire taire les jalousies et les suspicions, se voit décerner par le Sénat des privilèges accompagnés de hautes louanges. Beau triomphe que suit sa ruine ourdie par la Sainte Inquisition. Les lettres reçues de Rome par l’Inquisiteur bolonais en 1571 nous montrent le procès de Cardan près de son terme : une première sentence terrible, puis un adoucissement qui reste encore fort rude et au bas duquel Cardan signe d’une main tremblante[3].

Des dernières années il nous reste, outre ses testaments[4], une longue lettre où il plaide sa cause une fois de plus. Il voudrait persuader que rien ne s’oppose plus à la reprise de son enseignement, que le feu pape — celui-là qui l’a fait condamner — était dans ses derniers jours disposé à le lui permettre et que la mort seule l’aurait empêché d’effacer complètement la sentence de 1571[5].

Dans les grandes lignes, tout ce que nous venons d’énumérer confirme les dires de Cardan ; entrer dans le détail serait ici superflu. Que ses testaments par exemple fassent ressortir une situation de fortune plus large qu’il ne le dit, que les temps de misère se soient

  1. Lettre du 21 avril 1500 (Epistolario Borromeo, Bibl. ambrosienne, F. 100 pte inf., t. 50, vol. 64, no 152) publiée dans les Annales de l’Université de Grenoble, 1927, p. 324 n. 1.
  2. Cf. chap. XXXII n. 2 et XVII n. 1.
  3. Cf. chap. IV n. 9. Voir aussi I rotuli dei lettori legisti e artisti dello Studio bolognese dal 1384 al 1799 pubblicati dal Dr Umberto Dallari, Bologne 1889, vol. II, p. 179 n. 1.
  4. Voir chap. XXXVI n. 1.
  5. Lettre à Annibale Osio, segretario del Reggimento, en date du 28 avril 1573, publiée par Costa, loc. cit., p. 432 n. 2.