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journal de ma vie.

mettre en batterie cependant que j’allois trouver Mr de Pralain, auquel je dis que monsieur le mareschal luy mandoit qu’il seroit aussy tost a luy avesques l’armée et le canon, et qu’il garnit d’infanterie le bord du ruisseau, plaçant la cavalerie ou il jugeroit a propos ; qu’il luy envoyoit cependant deux bastardes pour escarmoucher et lever les deffenses, attendant les autres pieces, et qu’il les employat d’abbord qu’elles seroint arrivées ; et que s’il me l’ordonnoit, je les irois mettre en batterie en un lieu que j’avois reconnu en passant, ce qu’il trouva bon, me disant seulement que je mandasse a monsieur le mareschal qu’il s’avançat promptement.

Comme je m’en venois a nos bastardes, je trouvay que Mrs de Richelieu et de Vaubecourt les faisoint tirer au coin d’une tour bastie de boue et de crachat, qu’ils renverserent a la seconde volée, de telle façon que dix hommes de front y pouvoint monter. En mesme temps Mrs de Boisdauphin et de Pralain y arriverent et furent priés par Mrs de Constenan et de Vittry de recevoir a composition ces trouppes dont les chefs estoint de leurs amis, et qu’ils leur donnassent la vie apres avoir pris et donné au pillage leurs armes, chevaux, et bagage, ce que monsieur le mareschal accorda a ces malheureux quy montroint leurs mouchoirs et chapeaux, supplians que l’on leur fit bonne guerre. Les deux entremetteurs pillerent les plus precieuses choses, et en suitte nos soldats, quy selon leur coustume mirent le feu dans Chanlay[1].

  1. Voir à l'Appendice. IV.