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CONSTITUTION D’ATHÈNES

d’Archinos d’Ambracie, de la famille des Kypsélides[1]. C’est de là que vint l’alliance avec les Argiens ; et mille d’entre eux, amenés par Hégésistratos, combattirent à la bataille de Pallène. Les uns disent qu’il épousa cette Argienne pendant son premier exil, d’autres pendant sa tyrannie.


Le meurtre d’Hipparque.

XVIII. Les maîtres du pouvoir, en raison de leur rang et de leur âge, étaient Hipparque et Hippias. Hippias, étant l’ainé, et par nature homme d’État et sage, était à la tête du gouvernement. Hipparque était de caractère enjoué, porté à l’amour et ami des arts (ce fut lui qui appela à Athènes Anacréon, Simonide et les autres poètes).  Thettalos, de beaucoup plus jeune, avait une conduite téméraire et insolente ; ce fut la cause de tous leurs maux[2]. En effet il s’était épris d’Harmodios et avait été déçu dans son amour ; loin de contenir son ressentiment, il en montrait à toute occasion la violence ; et à la fin, comme la sœur d’Harmodios devait porter une corbeille aux Panathénées, il l’en empêcha en insultant Harmodios qu’il traita d’efféminé. C’est pourquoi Harmodios et Aristogiton, exaspérés, accomplirent leur acte après s’être assuré beaucoup de complices.  Ils guettèrent donc aux Panathénées dans l’Acropole Hippias (il recevait la procession qu’Hipparque faisait partir) ; mais, ayant vu un des conjurés s’entretenir familièrement avec Hippias et croyant qu’il les dénonçait, ils voulurent faire quelque chose avant d’être arrêtés ; descendant donc de l’Acropole et commençant l’attaque avant les autres, ils tuèrent Hipparque qui réglait l’ordre de la procession près du Léocoreion[3], mais firent échouer toute l’entreprise.  Harmodios fut aussitôt tué par les gardes armés de la lance ; Aristogiton ne mourut que plus tard, après avoir

  1. Des descendants de Kypsélos, tyran de Corinthe au milieu du viie s., régnèrent à Corinthe et d’autres à Ambracie.
  2. On sait que, contrairement au récit des historiens, l’opinion athénienne regardait Harmodios et Aristogiton comme les libérateurs du peuple. Voy. Introd., p. x ; cf. Hypéride, Contre Philippidès, 3 ; Démosthène, Contre Leptine, 18, 29, 127, 159.
  3. Dans le « Céramique intérieur » (quartier N.-O. d’Athènes, non loin de la porte Dipylon).