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INTRODUCTION

Mais les orateurs et les inscriptions nous apprennent qu’au temps de Démosthène, au temps d’Aristote par conséquent, la plupart de ces magistrats se recrutaient parmi les citoyens aisés (J. Sundwall, Epigraphische Beiträge zur sozial-politischen Geschichte Athens im Zeitalter des Demosthenes, 1906). Ce ne sont pas les pauvres, sans ressources ni loisirs, qui se présentent au tirage au sort, qui affrontent l’examen, le vote de confirmation (xliii 4) et l’épreuve de la reddition des comptes (xlviii 3-5) ; et, s’il s’en présente quelques-uns (xlvii 1), ils peuvent compter sur des assesseurs (lvi 1) et sur des esclaves publics, hommes d’expérience qui connaissent lois et règlements. Il faut de toute façon, puisque les fonctions civiles — à l’exception de la charge de membre du Conseil — ne peuvent être exercées qu’une fois (lxii 3), que chaque année plus d’un millier de citoyens soit occupé à remplir les magistratures. Les plus humbles eux-mêmes y acquièrent une expérience dont ils profiteront dans les tribunaux populaires ; car la foule est grande dans les bureaux des magistrats d’une grande ville et les affaires y sont nombreuses (Politique, 1299 a 36). Pour les fonctions militaires qui requièrent de l’expérience et des qualités techniques (Politique, 1317 b 21 ; cf. 1298 a 28), Aristote note soigneusement qu’on peut les exercer plusieurs fois (lxii 3. Cf. Politique, 1317 b 24). En somme, le rapprochement de tous ces textes ne laisse aucune impression défavorable à l’administration de la démocratie athénienne.

Restent les tribunaux populaires. La toute-puissance des tribunaux et la prédominance de l’assemblée du peuple sont les deux armes dont use Aristote contre la démocratie athénienne, dans la Politique et dans la Première partie de la Constitution d’Athènes : « tout est réglé par des décrets et par des tribunaux où le peuple est sou-