Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Râle d’eau salée


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 363-364).

LE RÂLE D’EAU SALÉE.[1]
(Clapper Rail.)


Audubon a laissé une description fort détaillée de cet oiseau qui fréquente par milliers tout le littoral des marais salins et couverts de roseaux, des îles qui avoisinent la Caroline du Sud, de la Floride, l’Alabama et la Louisiane : il croyait que ces Râles ne se rencontraient pas en nos latitudes, tandis que le naturaliste que nous avons souvent cité et qui a étudié spécialement les habitudes des oiseaux de l’ouest de la Province, M. McElraith fait mention de ce Râle parmi les espèces de cette section du Canada ; ce ne sont pourtant que des accidentels ; ils viennent également comme tels dans le Bas-Canada. Les lagunes marécageuses des États du Sud depuis le commencement de mars au commencement d’avril, résonnent du cri de ce Râle : ce cri ressemble aux syllabes cac, cac, cac, cac, ca, câhâ, câhâ. Ce cri que l’on entend jour et nuit est fort haut et rapide ; il se termine par un son plus bas et plus prolongé. Ce Râle est aussi ventriloque, car quand il est à plusieurs centaines de mètres de distance, on croirait que le cri part de l’endroit où il est. Il pond jusqu’à quinze œufs dans un nid très profond sur le sol. Cet oiseau épie le moment du reflux pour parcourir en tous sens les grèves, en quête de crabes, d’insectes aquatiques et de plantes. Le Râle d’eau salée nage avec facilité, sinon avec grâce et rapidité ; il plonge au besoin, pour éviter ses persécuteurs et demeure le bec hors de l’eau, si on ne le découvre. La tuerie de ce gibier dans les Carolines prend des proportions fabuleuses au rapport d’Audubon. Les canots reviennent chargés jusqu’au bord, des dépouilles des infortunés Râles d’eau, tandis que le chasseur canadien se contente d’un ou deux couples par jour.

Cet oiseau a la mandibule inférieure et les bords de la mandibule supérieure d’un jaune brun ; l’iris, jaune pâle ; les pieds, d’un gris pâle, nuancés d’orangé à la jointure tibio-tarsale ; les ongles, foncés. Le sommet de la tête et le derrière du cou, d’un brun pâle ; une ligne d’un brun-orangé pâle part du bec et surmonte les yeux ; les tectrices alaires, olive pâle, nuancées de gris : sur quelques-unes, il existe de petites taches irrégulières blanches. Les tectrices inférieures, les côtés, le derrière de l’abdomen ondulés d’un gris-brun foncé et d’un blanc gris ; le milieu de l’abdomen, gris-blanc.

Dimensions, 15 × 20 .


  1. No. 553. — Rallus crepitans. — Baird.
    Rallus crepitans.Audubon.