Texte établi par Montréal Impr. populaire, Édouard Garant (p. 110-122).

XVI

UNE BATAILLE

Les sauvages chassant, mangeant et dormant, cette dernière occupation prenant les deux tiers de leurs jours, l’hiver suivit le cours ordinaire des hivers canadiens et se passa tant bien que mal dans la bourgade algonquine. Le printemps venu, Acaki, qui n’oubliait pas sa rancune contre les Blancs, profitant du prestige que lui avait donné l’expédition de l’été précédent contre les Maléchites, assembla le conseil des anciens et fit décider une autre expédition de guerre, contre les Français et les Hurons cette fois.

Dans un long discours, dont nous ferons grâce au lecteur, nous contentant d’en donner la substance, il expliqua aux anciens que les Blancs avaient toujours trompé les sauvages ; qu’ils avaient toujours cherché à les déposséder de leurs terres et à les refouler toujours plus loin de la Grande-Rivière, le long de laquelle étaient bâtis les villages de leurs pères.

Il leur fit de plus comprendre que, bien que les Blancs en voulussent beaucoup aux terres des sauvages, ce qu’ils convoitaient surtout étaient leurs pelleteries. Que le jour où ils ne pourraient plus se procurer de pelleteries en quantités suffisantes, ils abandonneraient bien vite le pays et s’en retourneraient par delà les Grandes Eaux, d’où ils étaient venus. Que le meilleur moyen de les priver de pelleteries consistait à rendre les voies de communications entre les diverses parties du pays si peu sûres, si dangereuses, que les tribus sauvages qui s’étaient laissé dominer par les Blancs n’oseraient plus s’éloigner de leurs bourgades pour venir apporter à leurs maîtres le produit de leurs chasses.

Le hargneux Algonquin proposait donc, pour en arriver à ce résultat, que l’on réunisse la plus forte bande de guerriers que l’on pourrait trouver ; que cette bande aille se poster à la jonction du Saint-Laurent et de l’Outaouais et que, une fois là, elle attaque tout ce qui se présenterait, blanc ou sauvage.

Les anciens approuvèrent le plan du chef en entier et lui confièrent, comme l’année précédente le commandement de l’expédition.

C’est ainsi que, dans la dernière semaine de mai, une troupe d’une couple de cents Algonquins de la tribu du Castor, commandés par Acaki ayant à ses côtés Roger Chabroud, que les Algonquins appelaient Wabonimiki, se mettait en route.

Le village qu’ils quittaient étant situé à quelques centaines de pas du confluent des rivières Mattawin et Saint-Maurice, les Algonquins remontèrent la première de ces deux rivières jusqu’à sa source, puis, par une suite de portages, ils vinrent lancer leurs canots dans un petit lac dont les eaux s’écoulaient dans la rivière Rouge. Ils descendirent le cours de cette rivière jusqu’à son confluent avec l’Outaouais puis, suivant cette dernière rivière, ils venaient, dans la première semaine de juillet, aborder à l’extrémité supérieure de l’île de Montréal. Comme on le voit, ils avaient pris leur temps. Ils avaient fait le trajet en chassant, en pêchant et en faisant bombance.

Deux jours après leur arrivée, une dizaine de guerriers que le chef avait envoyés en reconnaissance, revinrent au camp et rapportèrent qu’ils avaient aperçu un grand nombre de canots qui descendaient le fleuve, et qui paraissaient se diriger vers le lieu de leur campement. Au dire des éclaireurs, ces canots étaient lourdement chargés, probablement de pelleteries, et devaient être en route pour Montréal, où ils feraient la traite ; c’est-à-dire qu’ils échangeraient leur fourrures pour des haches, des couteaux et différents autres objets, mais surtout pour de l’eau-de-feu. Quand les éclaireurs les avaient aperçus, ils étaient à une journée de marche de l’endroit où étaient campés les Algonquins.

Acaki renvoya ses hommes, en leur donnant pour mission d’épier la flottille qui s’avançait, de s’en approcher d’assez près pour identifier ceux qui la montaient, et de le tenir au courant de leurs mouvements. Puis il s’occupa de placer son monde en vue de la bataille qui s’annonçait prochaine.

Un peu au-dessous de l’endroit où les Algonquins avaient atterri, une petite anse, bordée de sable fin et de gravier, invitait au débarquement les voyageurs passant par là. Acaki ne doutait pas un instant que ceux qu’il attendait en les faisant guetter s’arrêteraient là, soit pour se reposer, soit pour faire leurs préparatifs d’arrivée à Lachine qui, à cette époque, était l’endroit où les sauvages des pays d’en haut, comme on appelait toute la région des grands lacs, arrivant pour traiter leurs pelleteries, rencontraient d’ordinaire les premiers Blancs.

Le chef algonquin divisa donc sa troupe en trois bandes, qu’il plaça, l’une au fond de l’anse, les deux autres de chaque côté, avec instruction d’attaquer la flottille, si elle s’arrêtait en cet endroit, de trois points à la fois et au moment de la confusion causée par le débarquement.

La journée s’acheva sans incident. Mais, au cours de la nuit, les éclaireurs rentrèrent au camp les uns après les autres et apprirent au chef que la flottille qu’ils guettaient était conduite par des Hurons de la baie Géorgienne, au nombre d’une couple de cents ; que les canots étaient lourdement chargés de pelleteries ; et enfin, qu’ils étaient campés pour la nuit de l’autre côté du lac Saint-Louis, au pied du rapide par où il reçoit les eaux du Saint-Laurent.

Il n’y avait donc qu’à attendre, ce que les Algonquins firent comme savent le faire les sauvages : sans que le moindre mouvement, sans que le moindre bruit décelât leur présence en cet endroit. Acaki profita des quelques heures de répit que cette attente lui procurait pour s’approcher de Roger et converser avec lui. Le chef craignait que le jeune homme n’éprouvât quelque répugnance à combattre les Hurons, alliés des Français, et il voulait lui faire croire que ceux qu’ils étaient sur le point d’attaquer étaient des Iroquois, ennemis communs des Français et des Algonquins. Il n’eut pas de peine à convaincre son jeune ami, et à s’assurer qu’il combattrait contre n’importe quels adversaires qui se présenteraient, pourvu que ce ne fût pas des Français. Puis, faisant le tour de ses trois bandes et s’assurant que chacun était à son poste, l’Algonquin se remit en observation.

Ce qui précède s’était passé dans les premières heures de la matinée. Vers le milieu du jour, Acaki, caché parmi les hautes branches d’un orme dont la tête arrondie émergeait au-dessus des autres arbres de la forêt environnante, près de l’endroit où est aujourd’hui le hameau de Beaurepaire, vit apparaître, contournant l’île Perrot, une flottille nombreuse de canots, qui s’avançait avec rapidité.

Après avoir suivi tant qu’elle le put le contour de l’île qu’elle longeait, la flottille contourna la petite île Sainte-Geneviève et, rendue vis à vis la petite anse où les Algonquins étaient cachés, elle piqua droit vers la côte nord du lac. Ce que voyant, Acaki se laissa glisser à terre et courut avertir ses hommes de se tenir prêts.

Quand le chef revint à la lisière du bois, il était près de quatre heures de l’après-midi. Les canots des Hurons, s’avançant rapidement vers la petite anse où les Algonquins se tenaient cachés, grandissaient à vue d’œil. Ils n’étaient plus, maintenant, qu’à une faible distance du guet-àpens qui les attendait.

Cependant, sur la rive, tout paraissait calme et paisible. La température était radieuse. Une légère brise agitait faiblement la surface du lac et remuait à peine les feuilles des arbres. Rien n’indiquait que derrière le riant rideau de verdure qui entourait la petite baie, se cachait une bande de démons assoiffés de sang.

Les premiers canots des Hurons touchèrent terre. Ceux qui suivaient vinrent aborder de chaque côté des premiers, et ainsi de suite, allongeant la ligne des canots échoués sur presque tout le pourtour de la baie. Environ la moitié des canots accostèrent de cette manière, et leurs occupants mirent pied à terre.

Mais au moment où les canots qui n’avaient pas encore pu aborder s’approchaient et cherchaient, entre ceux déjà échoués sur le sable, les espaces nécessaires pour pouvoir s’échouer à leur tour, créant ainsi une certaine confusion, un cri, ou plutôt, un effroyable hurlement retentit et alla réveiller les échos endormis, jusqu’à une grande distance sur le lac et dans la forêt. Ce cri sinistre fut aussitôt repris par deux cents gosiers féroces, et les trois bandes d’Algonquins, sortant de la forêt par trois points différents, s’élancèrent sur le sable de la grève qu’ils traversèrent en quelques bonds rapides et se précipitèrent sur ceux qui étaient en train d’atterrir ; frappant, blessant, tuant et hurlant continuellement comme des forcenés.

Cependant, après quelques minutes de combats, il fut évident que malgré tout leur vacarme, les guerriers d’Acaki n’accomplissaient pas grand besogne. À leur sortie du bois, ils avaient lancé une décharge de flèches ; décharge qui tout en faisant de nombreuses blessures n’avait tué personne, puis ils avaient attaqué les Hurons à coups de tomahawk. Mais ils étaient loin d’avoir partie gagnée, car ceux des Hurons qui avaient réussi à atterrir, se défendant comme des hommes qui défendent leur vie en même temps que leurs biens, leur tenaient vaillamment tête.

Pendant ce temps, leur chef faisait vivement reculer son canot et, suivi de tous ceux de ses guerriers qui n’avaient pas encore débarqué, il allait atterrir à quelques centaines de verges en amont de l’anse où avait lieu la bataille. Faisant ensuite un détour dans la forêt, cette bande débouchait juste au centre de l’anse, prenant ainsi les assaillants par derrière.

Une dizaine de ceux qui avaient suivi le chef Huron avaient des fusils. À la première décharge qu’ils lâchèrent, cinq ou six Algonquins restèrent sur la place, dont deux morts.

En entendant cette mousqueterie et en voyant tomber leurs hommes, les Algonquins, qui étaient loin de s’attendre à pareille attaque, se voyant pris à revers et ayant à combattre sur deux fronts à la fois, comprirent que la partie était irrémédiablement perdue. Ils lâchèrent pied tous ensemble et s’enfuirent dans toutes les directions, en se dispersant dans les bois environnants.

Mais, à travers tout cela, que devenait notre ami Roger ?

Acaki lui avait confié le commandement de la bande qui devait attaquer les Hurons à la partie inférieure de la baie. Au premier cri de guerre poussé par les Algonquins, Roger s’était élancé et, à la tête de sa bande, il avait culbuté les occupants des canots qui venaient d’atterrir dans cette partie de la baie, en avait tué quelques-uns, blessé plusieurs, et il allait se rendre maître de cette partie du champ de bataille, quand la bande de Hurons qui avaient suivi leur chef et qui comprenait ceux qui étaient armés de fusils, apparut sur la scène.

Quand les Hurons sortirent du bois afin de prendre leurs assaillants par derrière, leur chef vit, du premier coup d’œil, que l’endroit où son intervention était le plus nécessaire était justement cette partie de la mêlée où la bande commandée par Roger était en train de s’emparer des canots de ses gens. Ce fut donc dans cette direction qu’il dirigea son attaque, et ce fut sur Roger et ses Algonquins que tomba la première décharge des fusils des Hurons. Cette bande fut aussi la première à prendre la fuite.

Quand Roger était parti de chez son père, l’automne précédent, il ne s’était muni que de la quantité de poudre qu’un chasseur emporte d’ordinaire pour une journée de chasse. Cette provision était épuisée depuis longtemps et, depuis qu’il n’avait plus de munitions, son fusil lui était inutile. Il l’avait cependant emporté avec lui, en prévision du cas où il pourrait se procurer de la poudre. Mais cette occasion ne s’étant pas encore présentée, Roger avait laissé son fusil caché avec les canots de l’expédition, et il se battait au tomahawk, comme les Algonquins.

Le jeune homme ne put donc riposter à la fusillade des Hurons, et il se vit tout à coup seul, abandonné de ses guerriers et avec une balle dans la cuisse. La balle, cependant, n’avait fait que traverser les chairs, sans atteindre les os, et bien que la douleur qu’elle lui causait fut très vive, elle lui laissait l’usage de sa jambe.

Il prit donc la fuite, à son tour, et s’enfonça dans le bois, dans la direction de Lachine.

Disons de suite, pour en avoir fini avec eux, que, au cours de cette bataille, une trentaine d’Algonquins furent tués, pendant qu’un plus grand nombre encore étaient blessés ; que les autres, après s’être dispersés dans les bois environnants, se réunirent le lendemain et reprirent, comme une bande de chiens battus et poursuivis par les Hurons qui leur tuèrent encore plusieurs guerriers avant de les laisser aller en paix, le chemin de leur pays, où ils se tinrent tranquilles pendant le reste de la saison. Acaki lui-même, gravement blessé, ne put regagner Matwedjiwan que grâce à l’aide de quelques fidèles guerriers qui ne l’abandonnèrent pas, mais le portèrent sur leurs épaules presque tout le long du voyage. Assagi par sa défaite, et son prestige considérablement diminué, ce ne fut que deux ans plus tard, après avoir renoué son amitié avec les Français, qu’il put organiser une autre expédition de guerre : contre les Iroquois, cette fois. Ce fut au cours de cette expédition qu’il ramena Ohquouéouée prisonnière à Matwedjiwan.

Mais revenons à Roger. Le jeune homme courait depuis quelques temps déjà, quand un bruit de branche qui se brise lui fit tourner la tête et regarder en arrière. Apercevant une demi-douzaine de Hurons qui couraient dans sa direction, il redoubla d’efforts ; mais sa blessure le faisait de plus en plus souffrir, il perdait son sang en abondance, et ces deux causes réunies retardaient sa course.

Il suivait une espèce de sentier à peine tracé dans la forêt, et il arrivait à un endroit où deux énormes troncs d’arbres jetés bas par le vent barraient complètement le passage en avant, faisant dévier le sentier à gauche, pour revenir à sa place de l’autre côté de l’obstacle. Ceux qui avaient tracé ce sentier avaient préféré lui faire faire un détour plutôt que d’enlever ces énormes troncs d’arbres.

En apercevant cet obstacle, Roger, comme tout animal poursuivi et qui ne cherche qu’à se cacher, eut l’idée, au lieu de suivre le sentier, de se hisser pardessus les troncs d’arbres et de se cacher derrière. Son espoir était qu’en se soustrayant à la vue des Hurons, ceux-ci continueraient de suivre le sentier, à la poursuite des Algonquins qui le précédaient, sans s’occuper de lui.

Mais il se trompait dans son calcul, les Hurons étant trop rapprochés. Comme le jeune Canadien parvenait à se hisser sur le premier des deux arbres, ce qui n’avait pas été chose facile pour un homme blessé comme il l’était, et qui lui avait pris un certain temps, un colosse huron y sautait, prenant pied à côté de lui, et lui assénait un formidable coup de tomahawk sur la tête. Puis, rebondissant à terre de l’autre côté des deux arbres, le sauvage reprenait sa course à la poursuite des Algonquins, précédé de ses compagnons qui, eux, avaient fait le tour de l’obstacle, et tous ensemble ils disparurent parmi les broussailles qui formaient le sous-bois.

Roger venait, à force de bras, de se hisser sur le premier des deux arbres renversés et se redressait sur sa bonne jambe, quand il reçut le coup du Huron. Il s’affaissa, assommé. Son corps inerte glissa entre les deux arbres et bascula en dessous, où il s’étendit sur la mousse et resta immobile, sans connaissance.

Les clameurs du combat et de la poursuite s’éloignèrent, puis cessèrent. Les poursuivis et les poursuivants disparurent, et tout retomba dans le silence.

Les oiseaux, qui s’étaient enfuis aux premiers bruits de la bataille, revinrent et reprirent leurs chants. La brise continua d’agiter mollement les feuilles et de moirer la surface du lac. Les insectes poursuivirent leurs travaux incessants, tout en susurrant mystérieusement dans les touffes d’herbe, et la journée s’acheva dans la quiétude d’un beau soir d’été.

La nuit vint. La lune monta au firmament et éclaira, de sa lumière triste et en les faisant paraître plus horribles dans ce décor paisible, les quelques cadavres de sauvages abandonnés sur la grève et qui, gisant dans toutes sortes d’attitudes grotesques, grimaçaient aux étoiles.

Roger n’avait pas encore bougé. Quand, à la fin, il reprit connaissance, il lui fut d’abord impossible de comprendre sa situation. Il avait beau écarquiller les yeux de toutes ses forces, il ne pouvait rien distinguer.

— Suis-je aveugle ? se demanda-t-il, en parlant à voix haute.

Le son grêle de sa voix le surprit et il voulut porter la main à ses yeux, afin de s’assurer qu’ils étaient bien ouverts. Mais sa main heurta quelque chose de moelleux et d’humide.

Il tâta et reconnut que ce quelque chose de moelleux et d’humide était de la mousse. Cette mousse était à deux ou trois pouces de son visage et juste au dessus.

— Où suis-je donc ? fut la deuxième question qu’il se posa.

Ne pouvant répondre à ses propres questions, il se mit à réfléchir. Peu à peu, la mémoire lui revenant, il se rappela la bataille, sa blessure, sa fuite et sa poursuite par les Hurons.

Il voulut alors lever ses deux bras, mais il ne put remuer que le bras droit, et l’effort qu’il fit pour remuer le bras gauche lui arracha un cri de douleur.

Tâtant de sa main valide, il se mit à explorer son entourage. Il reconnut qu’il était couché sur le dos, dans une espèce de réduit aménagé sous les deux arbres renversés qui lui avaient barré la route, dans sa fuite de la veille. Ce réduit avait dû, autrefois, servir de tanière à un ours.

La première chose à faire était de sortir de là. Roger y parvint, après de nombreux tâtonnements et, surtout, de nombreux gémissements. Le moindre effort, le moindre mouvement lui arrachait des cris de douleur. Enfin, après de longs et pénibles efforts, ayant découvert une ouverture en dessous d’un des arbres, ce qui le délivrait de la nécessité de se hisser par dessus, il réussit à se tirer du réduit où il avait passé la nuit et à se mettre debout, le dos appuyé à un arbre.

Une fois dans cette position, il leva les yeux et aperçut une ligne grisâtre au-dessus des arbres. C’était le jour qui commençait à poindre. Regardant autour de lui, il aperçut, entre les troncs des arbres cette fois et sur sa droite, une autre ligne d’un gris pâle. C’était le lac ; et il n’en était éloigné que d’une cinquantaine de pas.

La vue de l’eau lui fit sentir qu’il avait soif et que sa bouche était brûlante. Il se mit en devoir de se traîner jusqu’à la grève.

Ce fut encore une longue et pénible opération. Mais, à force de persévérer et d’endurer des souffrances atroces, il y parvint.

Il se baissait déjà pour tremper ses mains dans l’eau claire, afin d’en rafraîchir sa bouche, où il sentait du feu, quand sa vue se troubla. Il fit un quart de tour, ses bras battirent l’air et il s’affaissa la face contre terre, une de ses mains trempant dans l’eau qu’il avait tant travaillé pour atteindre. Il avait de nouveau perdu connaissance.