Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre II/Chapitre CCXVII

Texte établi par J. A. C. Buchon (IIp. 293-295).

CHAPITRE CCXVII.


Ci raconte l’ordonnance qui fut à l’obsèque du comte Louis de Flandre et de la comtesse sa femme.


Ci s’en suivent les ordonnances du comte de Flandre et de la comtesse sa femme, dont les corps furent apportés à Loz une abbaye de-lez Lille. Et quand ils durent entrer en Lille, grand’foison de seigneurs de Flandre, de France, de Hainaut et de Brabant y furent, la vesprée de l’obsèque, à venir de la porte des Malades et à apporter le corps parmi la ville jusques à l’église Saint-Pierre. Je vous dirai ceux qui y furent armés pour la guerre et les écuyers qui les menoient.

Et premiers : messire Jean de Hallewyn le plus prochain du corps, mené de Enguerrant de Vallenne et de Rogier de l’Espiere ; le seigneur de Marcq devant le seigneur de Hallewyn, mené de Henry de Lambel et de Jean de Goumer ; le seigneur de Mamines devant le seigneur de Marke, mené de Jean de l’Espiere et de Sauset de Fretin ; messire Jean du Moulin devant le seigneur de Mamines, mené de Godefroy de Noyele et de Henry de la Vacquerie.

Item s’en suivent ceux qui furent ordonnés pour le tournoy.

Messire Pierre de Bailleul prochain du corps devant messire Jean du Moulin, mené de Jean de Quinghen et de Lambequin le maréchal ; messire Sohier de Gand devant messire Pierre de Bailleul, mené de Guiot de Lompré et de Jean Léonis ; le seigneur de Bethencourt devant messire Sohier de Gand, mené de Gérard de Quinghen et de Rollant d’Ysenghien ; monseigneur l’Aigle de Sains devant le seigneur de Bethencourt, mené de Huart de Quinghen et de Michel de la Bare.

Après s’en suivent les bannières de la bière.

Et premier : messire François de Havesquerque ; et puis messire Gossuin le Sauvage derrière messire François de Havesquerque ; messire Lancelot la Personne derrière messire Gossuin le Sauvage ; messire Jean de Halle derrière messire Lancelot la Personne.

Item s’en suivent ceux qui portèrent les bannières de la bière et du tournoy ;

Messire Mathieu de Humières devant messire Jean de Halle ; le seigneur des Obiaulx devant le dessus dit messire Mathieu ; messire Tiercelet de la Barre devant le seigneur des Obiaulx ; messire Jean de Paris devant messire Tiercelet.

Item ci-après s’en suivent les noms des barons qui aidèrent à porter le corps du comte de la porte des Malades mouvant en venant parmi la ville de Lille jusques à l’église Saint-Pierre.

Et premiers : messire Jean de Vienne, amiral de France au destre, et le seigneur de Ghistelle après au senestre ; messire Walerant de Raineval après au destre, et le chastelain de Disquemude après au senestre ; le seigneur d’Escornay après au destre, et messire Anceau de Salins au senestre.

Item ci s’en suivent les barons qui aidèrent à porter le corps de la comtesse de Flandre mouvant de la porte Saint-Ladre en venant jusques à l’église Saint-Pierre ; et premiers : le seigneur de Sully au côté destre et le seigneur de Chastillon au côté senestre ; messire Guy de Pontarlier, maréchal de Bourgogne, après au côté destre, et messire Gérard de Ghistelle au côté senestre ; et puis messire Henry d’Antoing au destre, et le chastelain de Furnes au senestre.

Item ci après s’en suivent les ordonnances du jour de l’obsèque, lequel on fit le jour de lendemain en l’église Saint-Pierre de Lille, et comment ces corps furent enterrés ; les seigneurs qui y furent et les écus, et aussi les noms des écuyers qui tinrent les écus toute la messe durant jusques à l’offertoire.

Le duc de Bourgogne tout seul ; et le premier écu fit porter devant lui de messire Raoul de Raineval et du seigneur de la Gruthuse ; et fut soutenu l’écu de Lambequin de la Coustre et de Jean de Pontarlier, frère au maréchal de Bourgogne.

Après, le second écu devant messire Jean d’Artois, comte d’Eu, et messire Philippe de Bar : l’écu fut soutenu de Walerant de la Salle et de l’Esclave d’Aunekin.

Après, le comte de la Marche et messire Philippe d’Artois ; l’écu fut tenu de Gillon de Brest et de Robin de Florigny.

Après, messire Robert de Namur ; de-lez lui messire Guillaume de Namur, son neveu : l’écu fut tenu de Cambernart et de Girard de Sternaille.

Item pour les écus du tournoy :

Le seigneur d’Enghien ; de-lez lui messire Jean de Namur ; l’écu fut tenu de Alart de Loutres et de Henri de Moucy.

Après, messire Hue de Chaslons et le seigneur de Fère : l’écu fut tenu de Jean de Hallewyn et de Oudard de Castron.

Après, le seigneur d’Antoing et le seigneur de Ghistelles : l’écu fut tenu de Tristan de Lambres et de Jean du Verart.

Après, le seigneur de Moriennes et le seigneur de Sully : l’écu fut tenu de Jean de Fresinges et de Damas de Bucy.

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les destriers de la guerre.

Et premiers : le sire de Chastillon et messire Simon de Lalaing, bailli de Hainaut ; et étoient les seigneurs à pied et les chevaux armés et couverts ; pour le second, messire Waleran de Raineval et le chastelain de Disquemude ; pour le tiers, messire Hue de Melun et le seigneur d’Aussy ; pour le quart, le seigneur de Briffeuil et le seigneur de Brimeu.

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les destriers du tournoy.

Et premiers, messire Henri d’Antoing et messire Gérard de Ghistelle ; pour le second, le seigneur de Montigny et le seigneur de Rasenghien ; pour le troisième, le seigneur de la Hamaide et le chastelain de Furnes ; pour le quart, le seigneur de Faignoelles et messire Rolant de la Clique.

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les glaives de la guerre.

Et premier, monseigneur l’amiral de France ; le second, le seigneur de Ray ; le tiers, le maréchal de Bourgogne ; le quart, le seigneur de Saint-Py.

Item s’ensuivent les noms de ceux qui offrirent les épées du tournoy.

Et premier, messire Guillaume de Ponthieu ; le second, messire Guillaume de la Trémoille ; le tiers, le chastelain d’Yppre ; et le quart, messire Guy de Honcourt,

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les heaumes de la guerre.

Et pour le premier, le seigneur de Villiers, et de-lez lui le seigneur de Mailli ; pour le second, messire Guillaume de Hornes et messire Anceau de Salins ; pour le tiers, messire Jean de Ophemont et le chastelain de Saint-Omer ; pour le quart messire Guy de Ghistelles et le Gallois d’Aulnoy.

Item pour les heaumes du tournoy. Premier, messire Josse de Hallewyn et messire Olivier de Guissy ; pour le second le seigneur de la Chapelle et le seigneur de Mornay ; pour le tiers le seigneur de Hillebecque et le seigneur de Lalaing ; pour le quart, messire Tristan du Roy et messire Jean de Jumont.

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les bannières de la guerre.

Et pour la première le seigneur de Lindenalle ; et pour la seconde, messire Lyonnel d’Arainnes, pour la tierce, messire Gilles de la Gruthuse, et pour la quarte, messire Jean de Limossolon.

Item s’ensuivent ceux qui offrirent les bannières du tournoy.

Pour la première, messire Orengoys de Rilly ; pour la seconde, le seigneur de La Mote ; pour la tierce, messire Jean de Disquemude ; pour la quarte, messire Guillaume de la Clique.

Item s’en suivent les noms des seigneurs qui, après l’obsèque fait, mirent le corps du comte de Flandre en terre : messire Jean de Vienne, amiral de France, le seigneur de Ghistelles, messire Walerant de Raineval, le chastelain de Disquemude, le seigneur de Ray et messire Anceau de Salins.

Item s’ensuivent les noms de ceux qui enterrèrent le corps de la comtesse, femme qui fut au comte : messire Guy de la Trimoille, le seigneur de Sully, le seigneur de Chastillon, le maréchal de Bourgogne, messire Gérard de Ghistelles, messire Henry d’Antoing et le chastelain de Furnes. Et est à savoir que tous ceux qui furent en office à l’entrer en l’église de Saint Pierre de Lille, quand les corps y furent apportés la vesprée, ils demeurèrent chacun à l’office et le lendemain à la messe, tant des chevaliers armés comme de ceux qui portoient bannières, et aussi les écuyers qui menèrent les chevaux.

Item y ot à l’apporter les corps du comte de Flandre et de la comtesse sa femme parmi la ville de Lille, venant jusques à l’église de Saint Pierre, quatre cens hommes ou environ tous noirs vêtus ; et portoit chacun ces dits hommes une torche pour convoyer les corps jusques à l’église de Saint-Pierre ; et ces quatre cens hommes dessus dits tinrent les torches à lendemain en la dite église durant la messe ; et tous ceux qui les tenoient étoient échevins des bonnes villes ou officiers de son hôtel ; et dit la messe l’archevêque de Reims ; et étoit accompagné de l’évêque de Paris, de l’évêque de Tournay, de l’évêque de Cambray, et de l’évêque d’Arras ; et si furent avecques eux cinq abbés.

Item il est à savoir que il y ot en l’église à l’obsèque, un travail auquel il y avoit sept cens chandelles ou environ, chacune chandelle de une livre pesant ; et sur ce travail avoit cinq bannières ; celle du milieu étoit de Flandre, la dextre d’Artois, la senestre au-dessous de la comté de Bourgogne, la quarte de la comté de Nevers, et la cinquième de la comté de Rethel ; et étoit le travail armoyé d’un lez d’écussons de Flandre, et au lez senestre de madame d’écussons de Flandre et de Brabant ; et aval le moûtier y avoit douze cent et vingt six chandelles ou environ, pareilles à celles du travail. Et n’y avoit dame ni damoiselie, de par monseigneur le duc de Bourgogne ni de par madame sa femme, fors la gouverneresse de Lille, femme au gouverneur ; et y fit-on un moult très bel dîner ; et furent délivrés de tous coûtages et frais, tant de bouche comme aux hôtels, tous chevaliers et écuyers qui la nuit et le jour de l’obsèque y furent ensoignés. Si leur furent envoyés tous les noirs draps de quoi ils furent vêtus à l’obsèque.

Après toutes ces choses faites, chacun retourna en son lieu ; et laissa le duc de Bourgogne ès garnisons de Flandre et par toutes les villes chevaliers et écuyers, quoique les trêves fussent jurées, accordées et scellées entre France et Angleterre, et de tous les pays conjoins et adhers avecques eux ; et se tenoit chacun sur sa garde ; et puis retourna le duc de Bourgogne en France ; et madame sa femme demeura un temps en Artois.