Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 409-413).
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LE Farcin est une tumeur souvent avec ulcere, qui a son principe dans la corruption du sang, il est causé par un virus, dans lequel consiste le plus ou le moins de malignité, & qui rend le Farcin guerissable ou incurable ; il occupe plusieurs parties du corps. Quand il y a quelque partie considerable pour les fonctions de la vie, qui ne fait pas ce qu’elle doit, pour n’estre pas dans un bon temperament, ou pour n’avoir pas une juste conformation, il faut que l’œconomie du corps s’altere. Si elle est necessaire pour la sanguification, le sang se trouble & se gâte, & selon la mauvaise constitution de cette partie affectée, il en reçoit bien-tost une impression qui ne peut estre que nuisible; souvent mesme ce sang acquiert une qualité acide, chaude & corrosive, qui ronge les parties où il croupit, ce qui paroist notablement dans le Farcin, qui vient presque dans tout le corps, & a son origine non pas d’une corruption acide, & souvent maligne de toutes les humeurs, mais de ce virus qui en a infecté la principale, qui est le sang. Ainsi la malignité de l’humeur n’est que l’effet du virus qui fait tout ce desordre dans le sang. Pour le guerir radicalement, il faut aller à la cause, qui est de clarifier & purifier le sang; pour y parvenir je proposeray plusieurs remedes. Van-Helmon dit que la grosse verolle aux Hommes a pris son origine du Farcin des Chevaux, & chacun convient que pour la guerir, il faut resister à son venin qui est ce virus, & en detruire la malignité, ensuite purifier & rectifier le sang, apres quoy tous les accidens cessent, de mesme qu’au Farcin.

Lors que le Farcin est inveteré, le sang qui est corrompu de long-temps, par le virus qui est dans iceluy, acquiert une si grande acrimonie, qu’il ulcere les poulmons ou le foye par sa trop grande chaleur & malignité : en cette maniere, lors que le sang Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/424 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/425 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/426
Farcin Cordé.
Chap.
ⅽⅹⅹⅹⅸ
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La seconde espece est le Farcin Cordé, on le connoist par les grosses duretez en forme de cordes qui viennent entre cuir & chair, & sont toujours le long des veines, particulierement de celles du plat des cuisses, de l’encolure, des ars, & le long du ventre : il se fait dans cette corde des tumeurs ou boutons qui s’ulcerent, & qui jettent du pus & de la matiere au dehors ; les bords des ulceres suivent la couleur & la qualité de l’humeur corrompuë : si le sang se maintient, ils sont rouges, s’il degenere en bile, & que le foye ne separe pas bien le fiel de la masse des humeurs, ils sont jaunes : si le phlegme abonde, ils sont blans ; & ils sont noirs, si les humeurs sont brûlées noires & mélancoliques, qui est le pire de tous.

Farcin cul de poulle.

La troisiéme espece, est celuy à cul de poulîe, qui est tres-mauvais & tres-difficile à guerir : on le connoist par de grosses tumeurs & boutons, qui venans à crever & percer, il n’en sort point d’à postume - mais les bords de l’ulcere sont teins d’un noir rouge, marque d’un sang aduste & mélancolique : sa ressemblance luy a donné son nom ; les bords des ulceres en sont presque toujours calleux & vilains.

Farcin interieur.

Le quatriéme, est le Farcin interieur, qui produit des boutons entre cuir & chair, comme des clous qui attachent la peau à la chair, quoy qu’il ne paroisse aucune tumeur ou bouton au dehors, si on n’y donne remede de bonne heure, le mal rentre & infecte les parties interieures, & cause la mort.

De cette espece il en est qui s’attache au dedans du cuir, sans estre fixé contre la chair : il vient presque toûjours au devant du poitrail, & guerit tres-facilement.