Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 408-409).
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PRenez iris de Florence demie livre, sené, aloës fin, & hermodactes, de chacun quatre onces, hellebore noir & blanc de chacun deux onces, pignons d’Inde une once, concassez toutes ces drogues fort grossiérement, & les mettez dans un grand pot avec trois pintes d’eau, une once esprit de vitriol, & quatre onces cristal mineral en poudre, laissez infuser à froid l’espace de trois fois vingt quatre heures, remuant de temps en temps, coulez au travers un canevas fort épais, & jettez le marc, puis évaporez à chaleur lente avec un feu clair, en sorte qu’il reste environ une pinte de liqueur, sur quoy vous adjoûterez une livre & demie bon miel commun, & ferez cuire en consistence de demy syrop, puis vous mettrez les poudres suivantes bien fines & bien tamisées toutes en substance, sçavoir jalap, & turbith, de chacun quatre onces, coloquinte & gomme-gutte, de chacun deux onces, scamonée une once, fenoüil & anis vert de chacun deux onces, faites cuire le tout en remuant sans cesse, jusqu’à ce qu’il soit en consistence d’electuaire.

La dose sera de trois onces jusqu’à trois & demie, délayées dans une décoction ordinaire de lavement, sans miel, huile, ny autre chose, & il fera un tres-bon effet, évacuant universellement toutes les humeurs peccantes & vicieuses.

Quelque connoissance que j’aye des effets d’un remede purgatif, pour l’avoir mis en pratique cent fois, j’en apprehende toûjours l’issuë : car assurément le mouvement des purgatifs est contraire à celuy de la nature & mesme la détruit, & souvent il y a des aspects & des oppositions dans les astres, & des conjonctions dans les temperaments qui leur font faire de si grands desordres, que je les mets en usage le moins qu’il m’est possible : Il est mesme souvent arrivé que faute d’avoir bien préparé le Cheval, ou si vous voulez bien observé le Ciel, afin d’en avoir une veritable connoissance, que des Chevaux sont devenus forbus, & mesme sont morts par des purgatifs qu’on aura donné cent fois avec succés ; Mais comme la necessité ne reçoit point de precepte, on passe Chap.
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sur ces consideration, & on met en usage ceux ausquels on trouve moins de peril, & on observe toutes les précautions qu’on peut ; mais pour le lavement, il ne faut pas avoir cette mesme aprehension, car les plus puissans purgatifs font peu d’effet aux Chevaux donnez par le fondement, celuy-cy est un veritable catholicum, c’est à dire universel, propre à porter à l’armée, où beaucoup de Chevaux meurent souvent, faute d’un lavement fait comme il faut.