Le chroniqueur Proché, documents inédits/Lettres de J. N. Proché/4

IV

Agen, 2 Septembre 1813.

Monsieur,

Mon plus grand empressement, à la réception de votre lettre, a été de me procurer les renseignements que vous me demandez relativement à la levée de 300,000 hommes. Dès que le Senatus Consulte parut, je pensai à vous et à votre fils. Je prévis les inquiétudes que cela allait vous donner. Je serais tenté de lui faire des reproches, car il y a de sa faute ; il devait se marier. Vous savez que nous en parlames lors de mon dernier séjour à Gontaud. Vous m’ apprenez qu’il y pensait dans ce moment. C’est un peu tard, mais enfin il est un remède à tout. Mr votre fils a déjà une dispense ; c’est une très bonne pièce ; les mêmes raisons qui la lui firent accorder existent sans doute encore ; cela joint aux amis que vous employerez doit vous faire espérer qu’il s’en sortira. Si de mon côté, je puis vous être utile, veuillez croire que je ne m’épargnerai pas. Mon plus grand plaisir est de trouver des occasions de vous obliger.

D’après les instructions que le prefet a receues, la levée doit commencer à l’an 1806 en remontant par 1782 et trois mois. La seconde commencera à 1787, en descendant jusqu’à 1813. D’après cet arrangement votre fils sera des premiers appellés, puisqu’il se trouve de la conscription de 1806. Il est peut-être déjà appellé, ceux d’Agen le sont pour le 5 de ce mois. Il me tarde beaucoup de vous voir délivré de cette peine. Ma femme et ma fille sont animées des mêmes sentimens ; elles me chargent de vous dire mille choses obligeantes ainsi qu’à Mr votre fils que j’embrasse.

J’ai l’honneur d’être avec le plus parfait attachement votre dévoué serviteur et ami.

Je vous prie de présenter l’assurance de mon respect à Mr et Made Chausenque.