Le chevalier de Mornac/Épilogue

Typographie de L’Opinion Publique (p. 99-102).

ÉPILOGUE

Six ans se sont écoulés, pendant lesquels la situation de la Nouvelle-France a tout à fait changé d’aspect.

À la période d’affaissement que nous avons tâché de décrire en cet ouvrage, succédait une époque de renaissance et de prospérité. La colonie qui n’avait fait que languir auparavant sous la crainte continuelle des Iroquois, avait repris une vie nouvelle aussitôt après l’arrivée du marquis de Tracy et de l’Intendant Talon.

Dans l’automne de l’année qui suivit celle où l’on construisit les forts de Sainte-Thérèse, de Chambly et de Sorel, M. de Tracy qui voulait dompter la superbe des Agniers avait organisé contre eux une grande expédition qu’il tint, malgré son grand âge, à commander en personne. À la tête de six cents soldats, de six cents habitants, de cent sauvages hurons et algonquins et de deux petites pièces de campagne, le vice-roi marcha contre les quatre bourgades d’Agnier. Jamais les Sauvages de l’Amérique du Nord n’avaient vu pareille armée. Aussi balaya-t-elle tout devant soi. Les quatre villages furent emportés, brûlés et rasés, tout le pays environnant dévasté par les troupes, et les provisions de maïs, que ces Sauvages avaient en réserve, jetées dans la rivière Mohawk.

La petite armée qui avait quitté Québec, le 14 septembre (1666), y était de retour au mois de novembre. Elle avait perdu peu de monde. Il paraît que le chevalier de Mornac — il s’était marié avec sa belle parente à la fin de l’année 1665 — se distingua fort dans cette expédition contre Agnier où il avait autrefois souffert tant d’humiliations.

Les Agniers furent frappés de terreur. Ils s’imaginaient sans cesse voir les Français entourer leurs villages. Par suite de la perte totale de leurs provisions, ils se virent réduits à une très grande famine qui fit périr quatre cents personnes. Aussi vinrent-ils supplier M. de Tracy de leur accorder la paix.

Un grand traité fut conclu.

Alors les colons purent s’occuper de la culture de leurs terres, et profiter des avantages que leur offrait un pays abondant en toutes choses et des plus fertiles.

Comme il n’y avait plus rien à craindre des Iroquois, même dans les localités isolées, on vit aussitôt les villages s’élever et s’étendre sur les bords du Saint-Laurent, les forêts tomber et s’éloigner des habitations, les terres plus soigneusement cultivées produire de très abondantes récoltes.

Grâce aux encouragements énergiques de M. Talon, l’agriculture fit de grands progrès. À part les grains ordinaires, on se mit à cultiver le lin et le chanvre avec succès.

Le commerce ne fut pas plus négligé. L’Intendant qui projetait de relier le Canada avec les Antilles, par les relations commerciales, fit construire un bâtiment à Québec, en acheta un autre, et dès 1667, les envoya à la Martinique et à Saint-Domingue avec un chargement de morue, de saumon et d’anguille salés, de pois, d’huiles, de bois merrain et de planches.

La population prit aussi un accroissement rapide, grâce aux colons que le roi de France dirigeait sur le Canada. L’acquisition la plus précieuse que fit la colonie fut celle de quatre compagnies de Carignan qui s’établirent dans le pays, lorsque ce régiment fut rappelé en France. Elles furent choisies parmi celles dont les officiers et les soldats s’étaient mariés avec les filles des colons.

Après avoir fidèlement accompli sa mission, M. de Tracy retourna en France dans l’année 1667, sur le vaisseau de guerre, le Saint-Sébastien, que le roi lui avait envoyé.

Talon qui était passé en Europe en 1669, revint au Canada l’année suivante. Il resta dans le pays jusqu’à l’automne de 1672. Alors il quitta la colonie pour n’y plus revenir, ainsi que le gouverneur, M. de Courcelles, qui était remplacé par le comte de Frontenac, homme des plus énergiques, fort habile, et qui est une des plus belles figures de tous les gouverneurs qui se succédèrent, dans la Nouvelle-France, sous la domination française.

Avant de quitter le Canada, M. Talon avait résolu d’éclaircir le mystère qui enveloppait le grand fleuve de l’ouest, que l’on savait vaguement se jeter dans les mers du sud.

Pour cette découverte Talon avait choisi un homme doué de toutes les qualités nécessaires afin de conduire à bonne fin une entreprise aussi importante.

On se souvient que Louis Jolliet, frappé au cœur dans ses plus chères espérances, s’était brusquement décidé de quitter le monde. Il entra en effet chez les Jésuites, en 1665.

On voit par le Journal des Jésuites, que les premières thèses publiques sur la philosophie furent soutenues avec succès par les sieurs Louis Jolliet et Pierre de Francheville, en présence de Messieurs de Tracy, de Courcelles et Talon. « M. l’Intendant, entre autres y argumenta très bien. »

Dans le silence du cloître, à force d’étude et de macération, Jolliet essaya de tuer en soi le souvenir désespérant d’un amour méconnu. Mais, hélas ! l’image de celle qu’il avait tant aimée était profondément gravée dans sa mémoire. Elle était toujours là devant lui. Au milieu des abstractions d’études acharnées, pendant les longues heures de prière et de méditation, son esprit qu’il s’efforçait d’isoler de toute préoccupation mondaine, pour l’élever jusqu’à Dieu, s’égarait dans les nuages de l’imagination et, poussé par un souffle inconnu se rabattait sur la terre, vaste champ semé d’illusions et de souffrances. Alors il revoyait passer, comme dans un songe, ces jours de jeunesse où il avait senti son cœur s’éveiller et battre de la vie orageuse des passions. Comme ces belles créatures, plutôt fées que femmes, qui effleurent nos fronts de leurs mystérieux baisers dans nos rêves de vingt ans, elle passait et repassait devant ses yeux avec tout le charme magnétique de sa superbe beauté. À genoux devant elle il lui tendait les bras. Mais elle, belle comme une madone et fière telle qu’une reine, le regardait à peine. Il courbait son front jusqu’à terre, pour sentir les plis frissonnants de sa robe de satin effleurer ses cheveux ; et puis il se relevait afin de respirer les parfums qu’elle avait laissés derrière elle et qui flottaient sur son passage avec de célestes arômes. Une apparition cruelle venait alors brûler ses yeux. C’était bien elle encore qui revenait vers lui, mais cette fois elle n’était plus seule. Appuyé sur le bras d’un brillant gentilhomme, elle s’inclinait amoureusement, se penchait, s’appuyait sur cet homme qui lui souriait avec ce bonheur toujours un peu fat que donne la possession assurée.

Oh ! alors, le pauvre Jolliet, pour arrêter un sanglot prêt à éclater dans le silence de la chapelle, enfonçait ses ongles dans les chairs de sa poitrine, et, la prière finie, regagnait en chancelant la cellule étroite et le dur lit de sangle, où, après de longues heures d’insomnie et de larmes, il s’endormait d’un sommeil fiévreux pendant lequel les mêmes rêves qui l’avaient tour à tour ravi et affligé tandis qu’il était réveillé, le poursuivaient encore jusqu’à l’heure matinale du réveil.

Après deux ans de cette vie de souffrance et de luttes morales, Jolliet eut la conviction bien acquise qu’il n’était pas appelé à l’état ecclésiastique. Et comme il n’avait encore reçu que les ordres mineurs il quitta l’habit.

À cette nature ardente il fallait de l’action, la vie aventureuse, une succession d’événements sans cesse nouveaux. Il lui fallait l’espace. Il se mit à voyager dans ce vaste pays alors à peine exploré. Il remonta le grand fleuve, vogua sur les lacs, vastes mers endormies dans les terres vierges de la Nouvelle-France, s’enfonça dans les sombres forêts de l’ouest, alla s’asseoir sous le ouigouam des sauvages de ces contrées lointaines, vécut de leur vie nomade, apprit leur langue et s’en fit remarquer par son esprit vif et prudent ainsi que par son intrépidité.

Avant de retourner en France, M. Talon, qui connaissait les talents et les voyages de Jolliet, recommanda au comte de Frontenac de confier à ce jeune homme la mission périlleuse et hardie d’aller découvrir le grand fleuve de l’ouest dont on commençait à parler.

Nous sommes au commencement de l’automne de l’année 1672 et nous entrons chez M. le chevalier Robert de Mornac, en son logis de la rue Saint-Louis, à Québec.

Dans une grande salle, au fond de laquelle flambait un beau feu clair allumé dans la cheminée pour combattre l’humidité de la saison, se tenaient M. et Mme de Mornac et leurs trois enfants.

Le chevalier qui pouvait avoir alors trente-cinq ans ne paraissait pas avoir vieilli. Seulement l’expression de sa physionomie était plus réfléchie. Ses mouvements avaient un peu perdu de cette allure bohème qu’ils avaient autrefois.

Quant à sa femme qui devait avoir alors vingt-cinq ans, la maternité n’avait altéré en rien sa beauté. Au contraire celle-ci avait atteint son entier épanouissement, et les formes un peu grêles de la jeune fille avaient fait place aux contours plus harmonieusement arrondis de la femme.

Sa figure n’avait rien perdu de son éclat : les lèvres conservaient toute la vivacité du carmin le plus pur, le sang de la jeunesse brillait toujours aussi vermeil sous l’épiderme velouté des joues. Seuls ses grands yeux noirs avaient un peu perdu de cette vivacité curieuse de la jeune fille, et leur regard avait maintenant une expression profonde, sérieuse et réservée que lui donnait l’expérience de la vie.

Doués tous deux d’une nature ardente et d’une grande intelligence, les époux offraient le spectacle assez rare d’une union bien assortie. Confiants l’un dans l’autre, trouvant l’un chez l’autre ce fond de dévouement et de tendresse qui existe toujours dans les belles organisations, assez fortunés pour n’avoir jamais à redouter d’être froissés tant soit peu par les étreintes de la gêne, ils étaient aussi heureux qu’on le peut être ici-bas.

Commodément assis dans un grand fauteuil, Mornac babillait avec ses enfants.

L’aîné, beau garçon de cinq ans ressemblait, paraît-il, à son grand-père de Richecourt. Il était fièrement à cheval sur le genou droit du chevalier.

Une charmante petite fille de trois ans était assise sur l’autre genou. Cette figure d’ange était la reproduction parfaite de celle de sa mère. Elle était si belle que son père ne pouvait s’empêcher de l’embrasser à chaque fois que son regard tombait sur elle.

Quant au dernier, bambin de deux ans, plein de force et de pétulance, c’était tout le portrait du père. Lèvres minces, nez aquilin, il avait les traits distinctifs des Mornac. Après maints efforts et par de savantes manœuvres il était parvenu, en se hissant sur le bras du fauteuil, à grimper sur l’épaule paternelle. Assis là fort à son aise, il enfonçait de temps à autre ses petits doigts roses entre les lèvres du chevalier qui feignait alors de le mordre, au grand plaisir de l’espiègle ; ou bien encore il tirait, plus que de raison, les longues moustaches en croc de son père.

Malgré les taquineries du plus jeune, le chevalier racontait aux deux aînés l’histoire de ses aventures avec les Iroquois ; mais cette édition était tellement augmentée, amplifiée, embellie que Mme de Mornac, qui avait partagé ces aventures avec son mari, ne les reconnaissait presque plus. Aussi la jeune femme ne cachait-elle pas le sourire un peu moqueur que la verve, toujours gasconne, de son mari attirait sur ses lèvres.

L’on vint dire que M. Louis Jolliet désirait présenter, avant que de partir, ses hommages à monsieur et à madame de Mornac.

— Faites entrer M. Jolliet, dit le chevalier en déposant, après une dernière caresse, ses enfants à terre.

La porte s’ouvrit de nouveau et Jolliet entra.

Mornac alla au-devant de lui, et l’accueillit de la façon la plus cordiale.

Jolliet salua profondément Mme de Mornac. Celle-ci lui offrant la main il la baisa galamment, comme c’était alors l’usage entre personnes intimes.

Lorsque Jolliet releva la tête, ses joues étaient légèrement rougies par la chaleur que ce baiser avait fait monter à son visage.

Mornac et sa femme, qui savaient que Jolliet était quelque peu timide, et qui ne s’étaient jamais doutés un instant de l’amour du jeune homme, crurent que c’était un reste de gêne qui le faisait rougir ainsi, et tous les deux rivalisèrent d’entrain pour le mettre à son aise.

Il faut dire que Jolliet, qui avait d’abord passé deux ans chez les Jésuites, dans une entière réclusion, et qui avait ensuite voyagé la plus grande partie du temps, n’avait fait que de très rares apparitions chez les deux époux.

— J’ai appris aujourd’hui que Monseigneur le comte de Frontenac vous avait chargé d’un grand voyage d’exploration dans l’Ouest, dit Mornac.

— Oui Monsieur le chevalier, je pars ce soir même pour le Montréal.

— Si tôt ! Pourquoi n’êtes-vous pas venu nous voir auparavant ? Vous savez bien que vous avez plus d’un titre à vous croire de la famille.

— Ah ! voyez-vous, répliqua Jolliet en s’inclinant, c’est que j’ai été complètement absorbé par mes préparatifs de voyage. Et rappelez-vous que je viens presque d’arriver des pays d’en haut et que je ne suis à Québec que depuis quelques jours. Le Gouverneur s’est décidé tout à coup à me confier cette mission, et comme je dois aller prendre le Père Marquette à Machillimakinac d’où nous nous mettrons en route de très bonne heure au printemps, pour chercher le grand fleuve de l’Ouest, j’ai pensé qu’il fallait me dépêcher de partir d’ici cet automne, afin de remonter le Saint-Laurent et les lacs avant la saison rigoureuse de l’hiver.

— Vous serez sans doute bien approvisionnés et accompagnés.

— Nous prendrons nos provisions de bouche, du maïs et de la viande séchée, à Machillimakinac. Quant à l’argent, aux instruments et au papier nécessaires pour faire les cartes des endroits que nous visiterons et rédiger notre journal de voyage, le Gouverneur y a généreusement pourvu. Pour compagnons de voyage, outre le père Marquette, j’aurai cinq français, dont l’un n’est autre que notre brave Joncas qui est toujours alerte et actif.

— Madame votre mère doit être chagrine de vous voir repartir sitôt, remarqua Jeanne.

— Oui, cette pauvre mère ne se fait guère à mes absences fréquentes et prolongées. Cependant, depuis qu’elle s’est remariée, je crains bien moins de m’éloigner d’elle.

Jolliet faisait allusion au troisième mariage que sa mère avait contracté dans l’automne de l’année 1665 avec M. Martin Prévost.

On causa quelque temps encore et puis Jolliet prit congé de ses hôtes.

Il baisa une dernière fois la main blanche et potelée de Mme de Mornac, donna une bonne poignée de main au chevalier et sortit.

Il avait le cœur gros.

En regardant son logis il se disait :

— Je croyais pourtant, mon Dieu ! que le temps, l’éloignement prolongé, la vie aventureuse que j’ai menée depuis quatre ans, avaient détruit mon amour pour cette femme. Hélas ! je sens bien, au contraire, qu’il n’est pas mort et qu’il vivra toujours au fond de mon âme ! Et elle est sacrée pour moi ! Elle appartient à un autre homme qui est mon ami ! Enfin ! comme je me le suis souvent dit, c’était la seule femme que je pouvais aimer ; elle ne peut être à moi, je renonce donc à l’amour pour ne plus songer qu’à la gloire ! Oui, à la gloire d’attacher mon nom roturier à quelque noble entreprise qui me vaudra les honneurs du respect de la postérité. Déjà la renommée semble me sourire puisque l’on daigne me confier à moi, jeune homme, une mission qui demande le savoir et l’expérience de l’âge mûr. N’importe ! si la gloire a coûté aussi cher à tous ceux qui l’ont obtenue, ils ont dû bien souffrir !

Pauvre Jolliet ! tu pressentais donc que la renommée ne s’acquiert ici-bas qu’aux prix d’innombrables souffrances !

Ô vous tous qui fûtes grands sur terre, inventeurs, capitaines, découvreurs, poètes, artistes renommés, venez donc dire à ceux qui contemplent froidement vos chefs-d’œuvre, sans rien connaître de l’atroce douleur qui précède et accompagne les enfantements du génie, venez donc leur compter les larmes que ces nobles enfants de votre âme vous ont coûtées !

Quiconque connaît votre histoire sait combien votre organisation, toute nerveuse et sensitive, vous porte à souffrir. À peine votre intelligence a-t-elle pressenti la vie, que votre âme, née pour les grandes conceptions, déjà se prend à soupirer après l’idéal, à désirer l’infini.

Presque tous, alors que votre cœur frissonnant d’une exubérance de vie demandait à l’amour d’accueillir le trop plein de cette bouillonnante sève intellectuelle que vous sentiez s’agiter dans votre être tout entier, presque tous vous vous êtes affaissés à vingt ans sous l’immense douleur d’un amour déçu. Oui, frappés en plein cœur par le gantelet de fer du désespoir, atrocement blessés dans la partie la plus sensible de vous-mêmes, vous êtes tombés sanglants, mourants presque, sur cette impassible terre qui, depuis que Dieu la lança dans l’espace, a tant bu de larmes et de sang ! Éperdus de douleur, palpitants de souffrance, vous êtes restés là, plus ou moins longtemps selon la violence et la soudaineté du choc et la force de votre organisation, anéantis par cette blessure quasi mortelle. Longtemps même, quelquefois, vous vous êtes traînés endoloris dans le rude sentier de votre jeunesse désenchantée, heurtant vos pieds meurtris contre toutes les aspérités de la route, laissant tomber, sur chaque buisson d’épines qui la bordent toutes les larmes de vos yeux et le sang le plus riche de vos veines ; jusqu’à ce qu’un jour, ranimés par cette vigueur généreuse du jeune âge, vous avez senti votre corps se redresser, vos pas se raffermir et votre tête se relever fièrement vers le ciel.

Vous étiez guéris, hélas ! de la douloureuse blessure de l’amour, et le sourire amer arrêté sur votre lèvre pâle en témoignait assez ! Alors dans un transport de réaction enthousiaste, sentant frémir en vous le souffle du génie, attirés par cet abîme d’aspirations dont vous ressentiez sans cesse l’attraction puissante, vous vous êtes écriés :

— À moi la gloire !

Malheureux ! les cicatrices de vos blessures saignaient encore et vous alliez courtiser une autre femme ! Car ne saviez-vous pas que la gloire est femme, elle aussi ? Ignoriez-vous que la séduisante fée cache sous ses caresses autant de coquette perfidie, le même raffinement de cruauté que cette belle fille d’Ève qui venait de flétrir et d’effeuiller en riant les plus belles fleurs de votre jeunesse.

Non, vous n’en aviez pas conscience, ou si vous le saviez vous avez choisi la renommée comme le seul mal digne de vous tuer !

Ah ! la gloire ! si l’on connaissait comme elle sait bien torturer ses amants, courrait-on avec autant d’ardeur après elle ?……

Ô nous qui lisons les œuvres des poètes, qui nous laissons bercer par les harmonies ravissantes d’un grand compositeur, nous qui envions leur génie, savons-nous combien il faut de larmes pour faire surnager un beau vers, et pouvons-nous entendre les sanglots déchirants de l’artiste se plaindre dans chacune de ces phrases musicales qui nous font rêver au ciel ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dix mois plus tard, Jolliet, en découvrant le Mississippi, attachait à son nom l’immortalité.


FIN.