Le Testament de Jean Meslier/Édition 1864/Chapitre 32

Le Testament
Texte établi par Rudolf Charles MeijerLibrairie étrangère (Tome 2p. 31-42).

XXXII.

Mais dans la doctrine et dans la croïance de nos Deïchristicoles il y a quelque chose de plus ridicule et de plus absurde, car, outre ce qu’ils disent d’un Dieu qui en fait trois, ou de trois qui ne font qu’un, ce qui est déjà, comme j’ai remarqué, une absurdité assez grande, ils disent que ce Dieu triple et unique n’a ni corps, ni forme, ni figure aucune. Ils disent que la prémière personne de ce Dieu triple et unique, qu’ils apellent le Père, a engendré toute seule, par sa propre pensée et par sa propre connoissance, une seconde personne ; qu’ils apellent le Fils, et qui est tout semblable à son Père, étant comme lui, sans corps, sans forme et sans figure aucune, qui est ce qui fait que la prémière personne se nomme le père plutôt que la mère, et qui est ce qui fait que la seconde se nomme plutôt le fils que la fille ? Car si la prémière est véritablement père, plutôt que mère et si la seconde est véritablement fils, plutôt que fille, il faut nécessairement, qu’il y ait quelque chose dans l’un et dans l’autre de ces deux personnes, qui fasse que l’une soit père, plutôt que mère, et que l’autre soit plutôt fils, que fille. Or qu’est-ce qui feroit cela, si ce n’est qu’elles seroient tous deux mâles et non fémelles ? Mais comment seront-elles plutôt mâles que fémelles, puisqu’elles n’ont ni l’une, ni l’autre, ni corps, ni forme, ni figure aucune ? Cela n’est pas imaginable, cela se détruit de soi-même ; mais n’importe, ils disent et il leur plait de dire toujours à bon compte que ces deux personnes, qui sont ainsi sans corps, sans forme et sans figure aucune, et qui par conséquent ne peuvent être d’aucun sexe, c’est-à-dire ni mâles, ni fémelles, sont néanmoins père et fils, et qu’ils ont produit par leur mutuel amour une troisième personne, qu’ils apellent le St. Esprit, laquelle personne n’a, non plus que les deux autres, ni corps, ni forme, ni figure aucune. Et ainsi, suivant l’admirable et sainte doctrine et croïance de nos subtils et savants Deïchristicoles, il n’y a qu’un seul triple et unique Dieu, qui est sans corps et sans forme, sans figure et sans couleur aucune : et dans ce seul triple et unique Dieu, il y a cependant trois personnes divines, lesquelles sont toutes trois sans corps, sans forme et sans figure aucune. On ne peut pas dire qu’elles soient d’aucun sexe, c’est-à-dire, qu’elles soient mâles, ni fémelles, et quoiqu’elles ne soient ni mâles, ni fémelles, elles n’ont pas laissé néanmoins que de s’engendrer et de se produire les unes les autres, ce qui s’est fait, disent nos Christicoles, non charnellement, mais spirituellement et d’une manière toute spirituelle et mistérieuse et ineffable, c’est-à-dire, d’une manière que nos Christicoles eux-mêmes ne sauroient exprimer, ni concevoir.

Jugez si cette doctrine et si cette croïance n’est pas incomparablement plus ridicule et plus absurde, que toutes celles des anciens Païens ? Elle est certainement incomparablement plus ridicule et plus absurde : car ces anciens Païens croïoient, suivant le cours ordinaire de la nature, dans ses générations, que les Dieux pouroient en engendrer plusieurs et plusieurs enfans, et que leurs enfans pouroient en engendrer plusieurs et plusieurs autres et continuer toujours ainsi de générations, en générations, dans tous les siècles. Et, suivant leur principe, il n’y avoit encore rien de ridicule, ni d’absurde, dans leur pensée et dans leur croïance. Mais par quelle raison, nos Christicoles veulent-ils borner la puissance générative de leur Dieu, le Père, à la génération d’un seul fils ? Est-ce qu’il n’auroit pu, ou qu’il n’auroit pas voulu engendrer davantage ? Ou seroit-ce peut-être, qu’il ne lui auroit pas été convenable, d’avoir plusieurs fils et plusieurs filles ? Ce ne doit pas être pour cette dernière raison, qu’il n’auroit voulu avoir qu’un seul fils, car la multitude des enfans, lorsqu’ils sont tous bien nés, qu’ils sont tous beaux, sages et honnêtes, fait l’honneur et la gloire d’un père, qui les a engendrés ; et il ne faut point douter, que le Dieu Père n’auroit engendré toujours que de beaux enfans, qui auroient tous été aussi sages et aussi parfaits, qu’il auroit voulu, et par conséquent, auroient fait l’honneur et la gloire de leur père. D’ailleurs ce divin Père n’avoit pas lieu de craindre, comme des hommes, de voir jamais aucun de ses enfans dans l’indigence et dans la misère, puisqu’étant le souverain Maître et Seigneur du ciel et de la terre, il auroit pu leur donner à tous des apanages convenables à leur divine naissance, et il auroit pu même leur donner à chacun d’eux un monde entier à gouverner et à y faire tout ce qu’ils auroient voulu, et se réserver ce monde-ci pour lui, s’il l’avoit trouvé bon. Ainsi il ne paroit pas, que ce puisse avoir été pour une telle, ou autre semblable raison, qu’il n’auroit voulu engendrer qu’un seul fils.

Dire qu’il n’auroit pû en engendrer aucun autre, attendu que sa puissance générative auroit été entièrement épuisée par la génération de ce premier fils, ce seroit dire une chose ridicule et absurde, parce qu’il seroit ridicule et absurde de vouloir borner si court une puissance, que l’on dit être infinie. Or, nos Christicoles disent que la puissance de ce divin Père est infinie, et si elle est infinie, elle ne sauroit donc jamais être épuisée par la génération de ce prémier fils, et ainsi ils n’auroient pas raison de dire, que sa puissance générative seroit épuisée par la génération d’un seul Fils. Quoi ! Cette puissance d’engendrer se trouve t’-elle épuisée dans les hommes, par la génération d’un seul enfant ? Point du tout, bien loin de cela elle ne l’est pas même toujours par la génération de 12, ni de 15, puisqu’il y en a plusieurs, qui en ont eu un plus grand nombre. Ægypte, par exemple, prémier Roi du Roïaume de ce nom, eut 50 fils, qu’il maria à 50 filles, que son frère Dardanus avoit. On dit qu’Amurat, troisième Roi des Turcs, eut 102 enfans. On dit que Hiérôme, Roi des Arabes, en eut 600 ! On dit aussi que Scieure, Roi des Tartares, laissa 80 enfans mâles. Il y a aparence, que le Roi Salomon en avoit eu encore un bien plus grand nombre, que tous ceux-ci, puisqu’il n’avoit pas moins que 700 femmes, qui étoient comme autant de Reines, et qu’il avoit encore 300 concubines, en sorte que s’il avoit seulement eu un enfant de chacune, il n’en auroit pas eu moins qu’un millier. Cette puissance d’engendrer ne se borne pas non plus dans les femmes à la génération d’un seul enfant, il y en a beaucoup, qui en font jusqu’à plus d’une douzaine, et il y en a même eu plusieurs, et il y en a encore plusieurs, qui en font deux ou trois d’une seule ventrée. Le Journal historique du Mois de Mai 1709 raporte que la femme d’un artisan de Londre mit au monde 5 garçons et 3 filles d’une même couche. On dit qu’une comtesse de Pologne, nommée Marguerite, enfanta d’une seute portée 36 enfans. Bien plus qu’une Comtesse de Hollande, nommée aussi Marguerite, s’étant moquée d’une pauvre femme, qui étoit fort chargée d’enfans, eut d’une seule ventrée autant d’eufans, qu’il y a de jours en l’an, savoir 365, qui furent tous mariés[1].

Je ne parle pas de plusieurs espèces d’animaux, qui d’ordinaire font 10 ou 12 petits de leur espèce, d’une seule ventrée. Il paroit bien par tous ces exemples, et par l’expérience de ce que l’on voit tous les jours, que la puissance d’engendrer dans les hommes et dans les bêtes, ne se borne point à la génération d’un seul, mais qu’elle va beaucoup plus loin ; pourquoi donc nos Christicoles veulent-ils borner si court, dans leur Dieu, une si douce, si charmante et si estimable puissance que celle-là ? Ils n’en sauroient donner aucune raison solide, et c’est en quoi aussi ils se rendent ridicules, et plus ridicules que n’étoient les païens, dans la croïance qu’ils avoient de la génération de leurs Dieux.

Mais pourquoi encore ne veulent-ils pas que la seconde, ni que la troisième personne de leur triple et unique Divinité aïent, comme la prémière, la puissance d’engendrer chacun un fils semblable à eux ? Si cette puissance d’engendrer un fils est une perfection dans la prémière personne, c’est donc une perfection et une puissance ; qui n’est point dans la seconde, ni dans la troisième personne, et ainsi ces deux personnes, manquant d’une perfection et d’une puissance, qui se trouvent dans la prémière, elles ne seront certainement pas égales entr’elles, comme nos Christicoles prétendent qu’elles le soient. Si, au contraire, ils disent que cette puissance d’engendrer un fils n’est pas une perfection, ils ne devroient donc pas l’attribuer à la prémière personne, non plus qu’aux deux autres, parce qu’il ne faut attribuer que des perfections à un Être, qui seroit souverainement parfait. D’ailleurs ils n’oseroient dire, que la puissance d’engendrer une divine personne, ne soit pas une perfection. D’un autre côté, s’ils disent que cette prémière personne auroit bien pû engendrer plusieurs fils et plusieurs filles, mais qu’elle n’auroit voulu engendrer que ce seul fils, et que les deux autres personnes pareillement n’en auroient point voulu engendrer, ni produire d’autres, on pouroit prémièrement leur demander, d’où ils savent que cela soit ainsi : car on ne voit point dans les prétendues Ecritures saintes, qu’aucune de ces prétendues divines personnes se soient positivement déclarées la-dessus. Comment nos Christicoles peuvent-ils savoir ce qui en est ? Ils n’en peuvent certainement rien savoir, et ils n’en parlent donc, que suivant leurs idées et leurs imaginations et qui sont des imaginations creuses. C’est en quoi ils se rendent encore ridicules et téméraires ; car c’est se rendre ridicule et téméraire, que de vouloir juger et parler si positivement des intentions et des volontés des Dieux, sans savoir ce qui en est. En second lieu, on pouroit dire, que si ces prétenduës et divines personnes avoient véritablement la puissance d’engendrer plusieurs fils et plusieurs filles, et qu’elles n’en voulussent cependant point engendrer, il s’en suivroit, que cette divine puissance demeurerait en elles sans effèt et comme inutile ; elle seroit tout-à-fait sans effèt dans la troisième personne, qui n’engendre et ne produit aucune personne, et elle seroit presque sans effèt dans les deux autres, puisqu’elles voudroient la borner à si peu d’effets : et ainsi cette puissance qu’elles auroient, d’engendrer ou de produire quantité de fils et de filles, demeureroit en elles comme oisive et inutile, ce qui ne seroit nullement convenable à dire de divines personnes.

D’ailleurs on pouroit dire, que ce seroit dans la personne du Père une marque assez évidente, qu’elle n’auroit eu guères de plaisir et de contentement dans la génération de son fils, puisqu’il n’en auroit point voulu engendrer d’autres, et ce seroit dans les trois personnes une marque évidente, qu’elles n’auroient voulu guères de bien à tant d’autres divines personnes, qu’elles auroient pû engendrer, puisqu’elles n’auroient pas voulu leur donner l’être, qui leur auroit été si glorieux et si avantageux d’avoir. C’est certe bien dommage, que ces divines personnes aïent eu si peu d’inclination à l’amour de la génération, et qu’elles aïent si peu aimé la multiplication de leur espèce : car si elles l’eussent aimée, seulement autant que les hommes aiment la multiplication de la leur, et qu’elles eussent voulu multiplier leur divine race, seulement autant que celle de Jacob multiplioit en Égypte, et qu’elles eussent voulu donner des corps à tous leurs enfans, ou que tous ces divins enfans eussent bien voulu s’incarner dans des corps humains, comme a fait le prétendu fils unique de Dieu le Père, la terre et les cieux seroient maintenant tout peuplés de divins enfans et de divines personnes, qui vaudroient beaucoup mieux que toute cette multitude d’hommes vicieux et corrompus, qui remplissent la terre de crimes et de méchancetés, et ainsi, de quelque côté que nos Christicoles puissent rendre ce prémièr et capital point de leur doctrine, elle se trouve toujours manifestement fausse, ridicule, et absurde en ce point.

Nos Deichristicoles ou Christideicoles blâment et condamnent les païens, de ce qu’ils attribuoient la Divinité à des hommes mortels, comme aussi de ce qu’ils les adoroient comme des Dieux, après leur mort. Ils ont certainement raison de les blâmer et de les condamner en cela. Mais ces Païens-là ne faisoient en cela, que ce que font encore maintenant nos Christicoles eux-mêmes, qui attribuent la Divinité à leur Christ, qui n’étoit véritablement qu’un homme comme les autres ; de sorte, que si nos Deichristicoles blâment et condamnent les païens, de ce qu’ils adoroient comme des Dieux des hommes mortels, ils devroient donc bien se condamner aussi eux-mêmes, puisqu’ils sont dans la même erreur, que ces Païens étoient, et qu’ils adorent comme leur Dieu, un homme qui étoit mortel, et qui étoit même si bien mortel, qu’il mourut honteusement sur une croix, après avoir été condamné à la mort. Il ne serviroit de rien à nos Deichristicoles, de dire ici, qu’il y a une grande différence entre leur Jésus-Christ et les Dieux des Païens, sous prétexte que leur Christ seroit comme ils disent, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble, attendu que la Divinité se seroit incarnée en lui, au moïen de quoi la nature divine, se trouvant jointe et unie hypostatiquement, comme ils disent, avec la nature humaine, ces deux natures auroient fait, dans Jésus-Christ, un vrai Dieu et un vrai homme, ce qui ne s’étant jamais fait, comme ils disent, dans les Dieux prétendus des anciens Païens, c’étoit manifestement erreur et folie en eux de les adorer comme des Dieux, puisqu’ils n’étoient que des hommes foibles et mortels comme les autres.

Mais il est facile de faire voir la foiblesse et la vanité de cette réponse, et de cette prétendue différence de l’un aux autres ; car, d’un côté, n’auroit-il pas été aussi facile aux Païens, qu’aux chrétiens, de dire que la Divinité, ou la nature divine, se seroit véritablement incarnée dans les hommes, qu’ils adoroient comme Dieux, et qu’elle se seroit véritablement incarnée dans leur Saturne ; dans leur Jupiter, dans leur Mars, dans leur Apollon, dans leur Mercure, dans leur Bacchus, dans leur Esculape et dans tous les autres, qu’ils adoroient comme Dieux ? Pareillement, que la Divinité se seroit véritablement incarnée dans leur Junon, dans leur Diane, dans leur Pallas, dans leur Minerve, dans leur Cérès, dans leur Venus et dans toutes les autres Déesses, qu’ils adoroient ? Il leur auroit certainement été aussi facile, de dire cela de leurs Dieux et de leurs Déesses, qu’aux Chrétiens de le dire de leur Jésus-Christ. D’un autre côté, si la Divinité avoit bien voulu s’incarner et s’unir hypostatiquement, comme disent nos Deichristicoles, à leur nature humaine, dans leur Jésus-Christ, que savent-ils, si cette même Divinité n’auroit pas bien voulu aussi s’incarner et s’unir hypostatiquement à la nature humaine, dans ces grands hommes et dans ces admirables femmes, qui par leurs vertus, par leurs belles qualités et par leurs belles actions ont excellé par dessus le commun des hommes, et se sont fait ainsi adorer comme des Dieux et comme des Déesses ? Certainement la Divinité auroit pu aussi facilement s’incarner dans les Dieux des Païens, comme dans le Christ des Chrétiens. Et si nos Deichristicoles ne veulent pas croire, que la Divinité se soit jamais incarnée dans ces grands personnages, pourquoi veulent-ils nous faire croire, qu’elle se seroit incarnée dans leur Christ ? Quelle raison et quelle preuve en ont-ils ? Point d’autre que leur foi et que leur croïance aveugle, qui est, comme j’ai dit, un principe d’erreurs, d’illusions et d’impostures, et qui étoit dans les Païens, également comme dans eux, ce qui fait manifestement voir, qu’ils sont à deux de jeu à cet égard, et qu’ils sont également dans l’erreur, les uns comme les autres.

Mais ce qu’il y a en cela de plus ridicule dans le Christianisme, que dans le Paganisme, c’est que les Païens n’ont ordinairement attribué la Divinité, qu’à de grands hommes et à de grands personnages, comme à des Empereurs, à des Rois, à de puissans Princes, ou à des personnes, qui ont excellé en quelques vertus, en quelques belles et rares perfections, qui ont, par exemple, inventé les sciences et les arts, qui ont rendu quelques signalés services au public, ou qui ont fait quelques grandes et généreuses actions ; mais nos Deichristicoles, à qui attribuent-ils la Divinité ? À un homme de néant, qui n’avoit ni talent, ni esprit, ni science, ni adresse et qui étoit tout à fait méprisé dans le monde. À qui l’attribuent-ils ? Le dirai-je ? Oui je le dirai, ils rattribuent à un fou, à un insensé, à un misérable fanatique et à un malheureux pendart.

Oui, mes chers amis, c’est à un tel personnage, que vos Prêtes et vos Docteurs attribuent la Divinité ; c’est un tel personnage, qu’ils vous font adorer comme votre divin Sauveur et Redempteur, lui qui ne s’est pu sauver lui-même du supplice honteux de la croix. Car ce Jésus-Christ, qu’ils vous font adorer comme un Dieu fait homme, n’étoit, suivant même le portrait, que nous en font les Evangélistes et ses disciples, qu’un misérable fanatique et un malheureux pendart, qui a été attaché et pendu en croix, que l’on pouroit, pour cette raison, dire avoir été maudit de Dieu et des hommes, suivant ce qui est écrit dans leurs propres livres, que maudit de Dieu, celui qui est pendu en croix, maledictus a Deo est qui pendet in ligno[2]. Il n’est pas besoin que je prouve, qu’il n’étoit qu’un homme vil et méprisable dans le monde, car, outre qu’il disoit lui-même, qu’il n’avoit pas seulement un lieu, où il puisse reposer sa tête,[3] vous savez qu’il est venu au monde dans un étable, qu’il est né de pauvres parens, qu’il a toujours été pauvre, qu’il n’étoit fils que d’un charpentier et que, depuis qu’il avoit voulu paroitre dans le monde et faire parler de lui, qu’il n’a passé que pour un insensé, pour un fou, pour un démoniaque et pour un séducteur, qu’il a toujours été méprisé, moqué, persécuté, fouetté et qu’enfin il a été pendu à une croix, où il a misérablement fini ses jours : maledictus a Deo qui pendet in ligno. Ainsi on ne peut nier, qu’il n’ait été misérable et malheureux dans le monde, de sorte que pour prouver qu’il n’étoit en effèt qu’un fou, qu’un insensé, qu’un misérable fanatique et un malheureux pendart, il ne s’agit que de prouver et faire voir qu’il étoit véritablement un fou, un insensé, un fanatique, c’est ce que je vais prouver évidemment par ces trois choses.




  1. Voïez sur cela les Annales de Hollande et de Pologne.
  2. Deut. 21. 23.
  3. Luc. 9. 58.