Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 60).
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Lyrique par essence, et jusqu’au procédé,
J’ai le goût périlleux de la nombreuse phrase :
Je parle, et le désir d’amplifier m’embrase,
Et je m’emporte sur Pégase débridé.

Mon cœur bat-il, bientôt je me sens possédé
Par le génie absurde et brûlant de l’emphase ;
Et c’est pourquoi j’ai dû te verser plus d’extase
Qu’aucun de ceux qui dans tes bras m’ont précédé.

Tu te rappelles mes louanges fantastiques
Et quel surabondant cantique des cantiques
J’inventais, chaque nuit, pour mieux jouir de toi !

Du diable intérieur j’entendais la risée,
Cependant. Mais tu me croyais de bonne foi.
Si tu t’admiras tant, c’est que je t’ai grisée !