Mercvre de France (p. 377-378).
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XVI

On envoya donc à Maccon, alors comte de Poitiers, un ordre dans lequel on lui enjoignait de réprimer cette sédition par la force, s’il éprouvait de la résistance. À cette nouvelle, Chrodielde commande à ses sicaires de se tenir en armes devant la porte de l’oratoire, afin que, prêts à résister au magistrat, ils puissent, si celui-ci voulait user de violence, repousser la force par la force. Le comte fut donc obligé de s’avancer en armes et de réduire les uns en les frappant à coups de barres, quelques autres à coups de traits, et d’user de l’épée envers les plus opiniâtres. À cette vue, Chrodielde, prenant la croix du Seigneur, dont elle avait jusque-là méprisé la puissance, sort au-devant du comte en disant : « Gardez-vous d’user de violence envers moi, je vous prie, qui suis reine, fille d’un roi et cousine d’un autre roi ; gardez-vous de le faire, de peur que vienne le temps où je me vengerai de vous. » Mais le peuple, s’embarrassant peu de ce qu’elle disait, se précipita, comme nous l’avons dit, sur ceux qui faisaient résistance, les entraîna garrottés hors du monastère, et, après qu’on les eut attachés à des poteaux, frappés cruellement, coupé aux uns les cheveux, aux autres les mains, à d’autres le nez et les oreilles, la sédition étouffée s’apaisa. (Grégoire de Tours, Hist. eccl. des Francs, X, xv.)