Le Courrier Fédéral Ltée (p. 23-24).

CHAPITRE VIII

L’arrestation

L’arrestation de Claire, comme meurtrière de Madame Dumond, se fit, ce soir-là. Les préliminaires ne furent pas longs : le couteau qui avait donné la mort ayant été reconnu par Azurine et par la pauvre Zénaïde, celle-ci souffrant à mourir d’avoir à dire des choses qui pouvaient condamner la chère demoiselle. Claire elle-même dut avouer que le poignard lui appartenait et qu’elle s’était réellement promenée dans les corridors, la nuit précédente, ce poignard à la main, qu’elle était même entrée dans la chambre de Madame Dumond avec ce poignard. En vain la pauvre enfant raconta-t-elle la scène touchante qui s’était passée entre elle et Madame Dumond : on refusa tout simplement de la croire.

D’ailleurs, n’avait-elle pas eu des mots avec la morte le jour de l’assassinat ? Zénaïde dût raconter son arrivée à la bibliothèque et la scène dont elle avait été témoin.

Le crime n’avait pu être commis par quelqu’un du dehors. Tous les soirs, Azurine, accompagnée de Zénaïde, faisait le tour de la maison, fermant portes et fenêtres, car Madame Dumond était peureuse et elle exigeait qu’on prit ces précautions. La fenêtre de la chambre de Madame Dumond était verrouillée à l’intérieur, personne n’eut pu passer par là, sans casser les vitres… et les vitres étaient intactes.

Claire dit avoir cru entendre du bruit dans la chambre de Madame Dumond vers les dix heures et demie, la veille. À cela, on n’attacha aucune importance ; ce bruit pouvait avoir été fait par Madame Dumond elle-même en se retournant dans son lit.

Hélas ! tout condamnait Claire, compagne et secrétaire de Madame Dumond, et, ce soir-là même, elle fut incarcérée dans une cellule de la prison.