La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 87
LXXXVII | |||
Rollanz est proz e Olivers est sages, | Roland est preux, mais Olivier est sage ; | ||
Ambedui unt merveillus vasselage. | Ils sont tous deux de merveilleux courage. | ||
1095 | Puis que il sunt as chevals e as armes, | Puis d’ailleurs qu’ils sont à cheval et en armes, | |
Ja pur murir n’eschiverunt bataille. | Ils aimeraient mieux mourir que d’esquiver la bataille. | ||
Bon sunt li cunte, e lur paroles haltes. | Les comtes ont l’âme bonne, et leurs paroles sont élevées... | ||
Felun païen par grant irur chevalchent. | Félons païens chevauchent par grande ire : | ||
Dist Olivers : « Rollant, veez en alques. | « Voyez un peu, Roland, dit Olivier ; | ||
1100 | « Cist nus sunt près, mais trop nus est loinz Carles. | « Les voici, les voici près de nous, et Charles est trop loin.
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« Vostre olifan suner vus ne l’ deignastes ; | « Ah ! vous n’avez pas voulu sonner de votre cor ; | ||
« Fust i li Reis, n’i oüssum damage. | « Si le grand Roi était ici, nous n’aurions rien à craindre. | ||
« Guardez amunt devers les porz d’Espaigne, | « Jetez les yeux là-haut, vers les monts d’Espagne : | ||
« Veeir poez dolent la rere-guarde. | « Vous y verrez dolente arrière-garde. | ||
1105 | « Ki ceste fait, jamais n’en ferat altre. » | « Tel s’y trouve aujourd’hui qui plus jamais ne sera dans une autre.
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Respunt Rollanz : « Ne dites tel ultrage ; | « — Honteuse, honteuse parole, répond Roland. | ||
« Mal seit de l’ coer ki el’ piz se cuardet ! | « Maudit soit qui porte un lâche cœur au ventre ! | ||
« Nus remeindrum en estal en la place ; | « Nous tiendrons pied fortement sur la place : | ||
« Par nus i ert e li colps e li caples. » | Aoi. | « De nous viendront les coups, et de nous la bataille ! » |
Vers 1093 et 1099. — Olivers. O.V. la note du v. 176 et celle du v. 1500.
Vers 1100. — Lire olifant. V. la note du v. 1059. ═ Vos. O.
Vers 1104. — Dolente est la. O. La correction est de Mu.
Vers 1109. — Nos. O.