L. Hachette et Cie (p. 441-443).

CLXXV

TOBIE EMMENÉ CAPTIF À NINIVE

(718 ans avant J.-C.)



Tobie était de la tribu de Nephthali, par conséquent du royaume d’Israël ; il fut emmené en captivité à Ninive, par Salmanasar, roi des Assyriens, et, dans sa captivité, comme avant, il resta fidèle à la loi du Seigneur, et n’adora jamais les faux dieux.

Tous les jours, il distribuait à ceux de sa nation tout ce qu’il avait de trop pour lui et pour sa famille. Dans sa jeunesse, il n’avait jamais adoré les veaux d’or, et il évitait la compagnie des enfants et des jeunes gens de son âge qui sacrifiaient aux idoles et qui étaient impurs.

Quand il devint homme, il épousa une femme de sa nation, nommée Anne ; il en eut un fils qu’il appela Tobie, ce qui veut dire en hébreu bon seigneur. Il lui apprit dès sa petite enfance à craindre Dieu et à éviter tout péché.

Lorsqu’il fut emmené captif avec sa femme, son fils et toute sa tribu, il fut établi à Ninive. Tous mangeaient des viandes consacrées aux idoles ; Tobie ne voulut jamais en goûter.

Louis. Qu’est-ce qu’il mangeait donc ?

Grand’mère. Il mangeait du pain, et ce qu’il pouvait avoir qui ne fût pas consacré aux idoles, comme des légumes, des fruits. Dieu le récompensa en lui rendant favorable le roi Salmanasar, qui le prit en grande estime et confiance ; il lui permit d’aller partout où il voudrait, et lui accorda toute liberté de faire ce qui lui plairait. Il lui donna aussi dix talents d’argent, c’est-à-dire soixante mille francs.

Armand. Comme il était bon, ce roi Salmanasar ? Nabuchodonosor n’aurait jamais fait cela.

Grand’mère. Malheureusement pour Tobie, Salmanasar mourut quelques années après, et Sennachérib, son fils, qui régna après lui, avait une grande haine contre les Israélites. Mais Tobie, profitant de la bonté de Salmanasar, avait déjà fait beaucoup de bien à ses compatriotes captifs ; il en avait tiré un grand nombre de la misère. Il avait acquis des biens assez considérables pour lui-même et sa famille, et il s’était donné ainsi les moyens de continuer ses bonnes œuvres, quand Salmanasar viendrait à mourir. Il continua donc à nourrir ceux qui n’avaient pas à manger, à donner des vêtements à ceux qui en manquaient, et il avait grand soin d’ensevelir ceux qui mouraient ou qui étaient tués par les Assyriens.

Après la guerre de Sennachérib contre le roi de Juda, dans laquelle l’ange du Seigneur fit périr en une nuit l’armée des Assyriens, sa haine contre les Juifs devint tellement violente, qu’il en fit tuer plusieurs à son retour à Ninive, et il défendit qu’on ensevelit leurs corps.

Tobie n’écouta pas cette défense, et continua à ensevelir ses frères. Le roi, l’ayant appris, commanda qu’on fit mourir Tobie, et qu’on lui prit tous ses biens.

Tobie fut averti par des amis ; il s’enfuit avec sa femme et son fils, et il fut recueilli et caché par ses amis, car il en avait beaucoup. Quarante-cinq jours après, le roi fut tué par deux de ses fils, ainsi que nous l’avons déjà vu. Tobie rentra dans sa maison, qui lui fut rendue avec tous ses biens.