Calmann-Lévy, éditeurs (p. 73-80).

VIII

INDULGENCE DE LA CHAIR

Les pauvres femmes s’agitèrent du Jour de l’An à Pâques, et Dieu seul connut tout à fait les complots étouffés, les alarmes secrètes, les timides rébellions et la sombre énergie que couvrit le battement des ailes de leurs bonnets noirs.

Ces scènes se passèrent dans la pièce au meuble d’utrecht, sous le geste du Cupidon et le sourire incertain de la disparue qui semblait nous regarder de très loin. On avait descendu du grenier d’anciens journaux illustrés qui sentaient la poussière, la lavande et la souris confusément. Je suivais, sur leurs images, la campagne d’Italie ou les grimaces des « semaines comiques » de Cham, lorsque le vent Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/82 Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/83 Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/84 Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/85 Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/86 Page:Boylesve - La Becquée 1910.djvu/87 licie ; je n’ai pas besoin de médecin pour me l’apprendre… J’ai un cancer à l’estomac.

— Mais non ! mais non !

— Ta, ta, ta, je ne suis pas une enfant !

Philibert trembla qu’elle n’eût renoncé à toute consultation sous le prétexte qu’elle connaissait son mal. Je vis ses yeux qui s’apprêtaient à pleurer encore un rêve évanoui. Il hésitait à parler. Félicie avait quelque chose à dire. Elle attendait qu’une occasion vint à son aide. Un bon moment de silence s’écoula. Tous les bruits étaient dissipés.

Comme un cri d’oiseau attardé, on entendit, dans la direction du moulin, mais venant des collines lointaines où les rayons du jour se mouraient, le sifflet du chemin de fer. Félicie dit :

— À propos, tu sais que j’ai pris une grave décision ?

— Une décision ?

— Oui. J’irai à Paris.

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