Justine, ou Les malheurs de la vertu (Raban)/01-08

Olivier, libraire (tome 1, tome 2p. 151-176).

VIII.

AFFREUX COMPLOT.

La baronne de Boistange mit tout en œuvre pour calmer le désespoir de sa fille adoptive ; mais la pauvre enfant était frappée au cœur. Pourtant le désir et l’espérance de voir encore Georges l’empêchèrent de succomber à l’excès de ses maux. La baronne l’entretenait tant qu’elle pouvait dans cet espoir : elle promettait de faire toutes les démarches nécessaires pour adoucir le sort de Georges ; elle pensait même qu’elle pourrait un jour, lorsque quelques années se seraient écoulées, obtenir grâce pour lui ; mais quelques années aux galères ! quelle horrible consolation !

On obtint sans beaucoup de peine la permission de voir le condamné ; dès ce moment Justine passa près de lui le plus de temps possible, malgré la répugnance qu’elle éprouvait pour cette foule d’êtres dégradés qui, comme elle, dans le même lieu, venaient visiter des misérables, dont ils avaient presque toujours été les complices, et qui n’avaient échappé au châtiment que pour retourner bientôt sur le banc des criminels. Le langage de ces gens lui rappelait le temps de sa captivité et les tortures qu’elle avait endurées ; mais, eût-elle dû souffrir mille fois plus encore, elle n’eût pas voulu arriver une minute plus tard et sortir une seconde plus tôt.

Il y avait plusieurs semaines qu’elle visitait ainsi son ami, l’homme qui avait été son protecteur et presque son mari, lorsqu’une circonstance singulière vint jeter l’effroi dans son âme attristée : elle s’aperçut à plusieurs reprises que quelques-uns de ces hommes qu’elle rencontrait au parloir de la prison la suivaient, au retour, jusqu’à l’hôtel de la baronne ; et un jour elle crut voir entrer l’un d’eux chez le concierge. Elle ne voulut cependant en rien dire à sa généreuse protectrice, de peur de lui donner des craintes qui ne fussent pas fondées ; mais elle se proposa de s’assurer, autant que possible, de la vérité, afin de ne rien négliger pour connaître les desseins de ces gens. Son incertitude à cet égard ne dura pas long-temps.

Un jour, au moment où elle sortait de la prison, un homme bien couvert l’aborde poliment.

— Madame, lui dit-il, j’ai à vous faire une communication de la plus haute importance.

La surprise de Justine fut grande ; mais elle se remit promptement, et, soupçonnant quelque piége, elle répondit à cet individu qu’elle ne croyait avoir à traiter d’affaire importante avec personne ; que cependant, s’il voulait se rendre à l’hôtel de la baronne de Boistange, elle l’écouterait volontiers devant cette dame.

— Cela ne se peut pas, répliqua l’inconnu ; un secret su de trois personnes n’est plus un secret… Il s’agit de sauver Georges, madame, et la moindre indiscrétion perdrait infailliblement les hommes qui veulent être ses libérateurs.

— Sauver Georges !…

— Oui, madame, il peut être libre demain ; mais c’est vous qui déciderez de son sort.

— Au nom du ciel, expliquez-vous !

Je ne le puis ici ; mais si vous consentez à m’accompagner jusque chez moi…

Justine ne put contenir un mouvement d’effroi ; l’inconnu s’en aperçut, et reprit :

— Ce n’est pas qu’il soit absolument nécessaire que vous preniez la peine de venir jusqu’à mon domicile ; mais vous comprenez que l’on ne peut traiter une telle affaire au milieu de la rue. Entrons dans le café voisin ; mes amis m’y attendent : ce sont des hommes sûrs, qui répondront sur leur tête de l’exécution comme du succès de l’entreprise dès que vous le voudrez.

Justine n’hésita plus à suivre l’étranger ; car elle se dit qu’elle devait avoir peu de chose à craindre dans un lieu public, en plein jour ; il s’agissait de sauver Georges, et il y avait, dans ces deux mots seulement, de quoi faire braver bien des dangers. Ils entrèrent bientôt dans un café d’assez chétive apparence, et la jeune fille recommença à trembler en reconnaissant, dans les amis dont lui avait parlé l’inconnu, les hommes qu’elle rencontrait ordinairement au parloir de la prison. Tous prirent place à une table située dans l’endroit le plus obscur d’une salle enfumée ; alors le personnage qui avait conduit Justine entama la conférence par ces mots :

— Je pense, mademoiselle, et mes amis en sont persuadés comme moi, que vous ferez volontiers quelques sacrifices, et que vous passerez sur beaucoup de considérations pour sauver Georges, auquel vous prenez un si vif intérêt…

— Il n’y a pas de temps à perdre, interrompit un homme de mauvaise mine, car on les ferrera dans trois jours ; la chaîne part lundi.

— Je ne possède rien, dit la jeune fille en fondant en larmes ; mais dites, que vous faut-il ? Je vais me jeter aux pieds de ma protectrice…

N’oubliez pas, interrompit le premier interlocuteur, qu’il s’agit d’un secret qu’il ne vous est permis de dévoiler à personne.

— Mais je parle de ma protectrice, de ma mère adoptive…

— Si vous étiez assez mal inspirée pour lui en dire un mot, il n’y aurait plus de puissance capable d’empêcher Georges de pourrir au bagne… Au point où nous en sommes, il faut s’expliquer clairement : la baronne est riche ?

— Je crois que oui.

— Elle doit avoir en ce moment des fonds considérables, et nous savons que ses diamans valent au moins quarante mille francs…

Justine pâlit, une sueur froide couvrit son front ; mais l’orateur de la bande n’eut pas l’air de s’en apercevoir, il continua :

— En un mot, ce sont ces bijoux, c’est cet or qu’il nous faut.

— Oh !… mon Dieu !…

L’homme qui était le plus voisin de Justine lui mit sans façon la main sur la bouche pour l’empêcher d’en dire davantage, et l’autre reprit :

— Nous ne vous demandons, pour prix de la liberté de votre amant, qu’un peu de complaisance. Il s’agirait seulement de nous indiquer les meubles qui renferment l’argent et les effets précieux, de nous donner, sur de la cire, l’empreinte des serrures, de laisser ouverte une des fenêtres de votre chambre pendant une partie de la nuit. Au moment même où nous entrerons chez vous, Georges sortira de Bicêtre.

— Grâce, grâce ! je vous en conjure !… Prenez ma vie, je vous l’abandonne.

— Elle est encore bonne là, dit un de la bande ; qu’est-ce qu’elle veut qu’on en fasse de sa vie.

— Songez, dit le chef, que vous ne courrez aucun danger : nous couperons un carreau de votre croisée pour faire croire à l’effraction ; nous vous mettrons un bâillon et nous vous attacherons les bras et les jambes, le tout très-décemment de manière à ne pas vous faire le moindre mal.

— Vendre et livrer ma bonne mère ! non, non, jamais !…

— Votre bonne mère, mon enfant, n’en mangera pas un plat de moins à son dîner, et vous en mangerez quelques-uns de plus avec le bien-aimé.

Justine était dans un état horrible ; jamais combat plus épouvantable ne s’était livré dans le cœur d’une femme.

— Cela va venir, dit tout bas l’un des bandits ; encore un petit coup d’éperon.

— Au surplus, reprit l’orateur, nous sommes incapables d’exercer la moindre violence envers qui que ce soit, et je pense que cette conférence ne peut se prolonger sans danger… Adieu, belle dame, je regrette bien fort de n’avoir pas de meilleure nouvelle à porter au pauvre Georges.

Il se leva ; tous les autres l’imitèrent. Justine, les mains jointes, les conjura de rester quelques instans encore.

— Messieurs, dit-elle, il m’est impossible de réfléchir ; mon cerveau est en feu, la fièvre me dévore ; ayez pitié de moi ; n’exigez pas que je me prononce à l’instant même ; par pitié n’allez pas jeter le désespoir dans le cœur de Georges, mon bien-aimé Georges, qui fut mon sauveur, et pour lequel je donnerais avec joie jusqu’à la dernière goutte de mon sang…

— Qu’à cela ne tienne, dit le chef ; vous avez deux jours pour vous décider ; mais n’oubliez pas que d’ici là les murs auront des oreilles, et que vos actions les plus secrètes nous seront connues. Malheur à lui, malheur à vous, si vous songez à nous trahir… Or il n’y a plus de terme moyen maintenant : si vous n’êtes pour nous, vous êtes contre nous, car vous ne pouvez être neutre dans cette affaire. Pesez bien toutes ces considérations, belle dame, et que votre bon ange vous dispose à faire échange de services.

Cela dit, il offrit la main à Justine, la conduisit jusque dans la rue, et la laissa à l’endroit où il l’avait rencontrée.

La pauvre fille était dans un état impossible à décrire ; une fièvre ardente la consumait, des pensées sans suite se heurtaient dans son cerveau : il résultait de cette conflagration une espèce de démence qui lui ôtait le sentiment du bien et du mal. Sa vertu, toutefois, finissait par triompher ; mais ce n’était qu’après avoir long-temps combattu, et alors que ses forces éteintes imposaient silence à son amour. Car l’amour, il faut bien l’avouer, à la honte de l’espèce humaine, le véritable amour est capable de tout, des plus belles actions et des plus grands crimes. Justine le sentit alors, elle si pure, si vertueuse, et qui cependant sollicitait un délai pour se décider à trahir sa bienfaitrice. Pendant les deux jours qui suivirent, elle fit tous ses efforts pour voir Georges ; mais elle ne put y parvenir, les visiteurs n’étant admis que deux fois par semaine. Alors elle se laissa aller au désespoir ; néanmoins elle se demandait de temps en temps ce que c’était que le sacrifice d’un peu d’or et de quelques diamans en comparaison des souffrances réservées au pauvre Georges, si elle ne le sauvait à ce prix.

Le délai qui lui avait été accordé expira, et elle n’avait point pris de résolution. Ce jour-là, devant voir Valmer, elle espérait pouvoir le consulter ; elle sortit de l’hôtel, les idées confuses et le désespoir dans le cœur. À peine avait-elle fait quelques pas dans la rue, que l’homme qui lui avait paru être le chef de la bande de voleurs qui devaient sauver Georges l’accosta.

— Eh bien, belle dame, où en sommes nous ?

— Oh ! monsieur, laissez-moi ; je ne veux pas, je ne peux pas trahir ma bonne mère… Non, non ! le ciel aura pitié de moi ; et Georges lui-même me saura gré d’être restée vertueuse.

— Eh ! bon Dieu ! nous n’en voulons pas à votre vertu.

— Comment ! vous vouliez…

— Oui, c’est vrai ; mais ce que nous voulions, nous ne le voulons plus ; nous avons trouvé un biais pour arranger cette affaire sans nuire à personne.

— Et vous sauverez Georges ?

— Certainement.

— Mais, puisque vous avez renoncé au projet affr…, à ce projet que vous m’aviez communiqué, je ne vois pas en quoi je puis…

— Parbleu ! je le crois bien : vous ne voyez pas cela parce que… parce que vous ne devez pas le voir tout d’abord ; mais nous allons vous l’expliquer : c’est la chose du monde la plus simple. Veuillez me suivre à vingt pas d’ici ; tout est prêt pour la délivrance ; on n’a plus besoin que de quelques renseignemens que vous seule pouvez donner.

Justine tremblait en prenant le bras de ce misérable ; car elle ignorait où il allait la conduire, et il lui semblait impossible que cette bande de malfaiteurs rendît un aussi grand service à Georges, à elle qui ne possédaient rien, sans qu’il y eût quelque arrière-pensée, quelque projet de brigandage à l’exécution duquel la volonté de Valmer ou la sienne fût nécessaire. Cependant, comme la première entrevue avait eu lieu sans qu’ils eussent seulement songé, en apparence, à exercer la moindre violence physique, et que d’ailleurs elle était résolue à supporter tous les maux imaginables plutôt que d’accepter des conditions contraires à l’honneur, elle se laissa conduire en se recommandant à la Providence, qui l’avait déjà soumise à de si cruelles épreuves.

Bien que l’homme qui conduisait la pauvre orpheline n’eût parlé que d’une distance de quelques pas à franchir pour arriver au lieu où l’attendaient ses amis, ils marchaient déjà depuis un quart d’heure ; ils avaient successivement traversé plusieurs rues étroites, sombres et fangeuses. À mesure qu’ils avançaient, Justine tremblait plus fort.

— Où me conduisez-vous donc ? dit-elle enfin en s’arrêtant.

— Nous y voici, chère dame ; encore quelques pas seulement… Il est vrai que ces rues sont bien mal entretenues ; en vérité, je ne sais où passe l’argent du budget. Pour moi, si j’en eusse été le maître, il y aurait long-temps que le dernier préfet de police serait pendu… Pardon, j’aurais dû songer que vos pieds mignons sont peu habitués… mais j’ai horreur des voitures de place ; ces misérables fiacres sont tout yeux et tout oreilles… Un peu de courage, nous sommes arrivés.

Ils entraient en ce moment dans l’une des plus sales rues de Paris. Le personnage qui accompagnait Justine s’arrêta devant une maison qui semblait inhabitée, toussa d’une certaine façon, et aussitôt une porte, qui semblait plutôt fermer l’entrée d’une cave que celle d’un rez-de-chaussée, s’ouvrit.

— Par ici, madame, dit le conducteur.

Justine avança jusque sur le seuil ; mais l’obscurité lui sembla si profonde à l’intérieur, qu’elle s’arrêta pour ainsi dire involontairement.

— Oh ! oh ! reprit le conducteur, le temps des grimaces est passé.

Et, la saisissant à-bras-le-corps, il l’emporta jusqu’au fond de l’allée. Justine poussa un cri d’effroi.

— Allons, silence ! on ne veut pas vous faire le moindre mal.

L’excès du danger qu’elle croyait courir rendit alors à la jeune fille toute son énergie.

— Vous pourrez me faire mourir, dit-elle, me faire endurer les plus affreuses tortures ; mais vous n’obtiendrez jamais que je prête les mains à l’exécution de vos projets épouvantables.

— Allons donc ! c’est bien le moment de faire des phrasés ! prenez la rampe, ma poulette, et montez devant moi.

Ils se trouvaient en effet au pied d’un escalier. La rampe dont il parlait était une corde grasse et luisante qu’il montra à la jeune fille, et ils montèrent dans l’ordre qu’il avait indiqué. Lorsqu’ils furent arrivés au troisième étage, une porte s’ouvrit devant eux ; Justine fut poussée par son guide dans une chambre vaste dont les murs étaient nus. Quelques matelas, jetés çà et là sur le carreau, semblaient être autant de lits, et dans une autre partie de ce galetas étaient entassés pêle-mêle des ballots, des malles, des pendules, de l’argenterie, etc. Dès que Justine fut entrée, elle se trouva environnée de plusieurs hommes, et reconnut tous les misérables qu’elle avait vus au café.

— Le plus fort est fait, dit l’un des brigands ; cependant si on pouvait la confesser

— Pourquoi pas ? dit un autre ; à cet âge-là ça ne doit pas être coriace ; je me charge de la faire manger.

— Ne prenez pas cet engagement, dit Justine avec résolution ; car tout doit m’être suspect ici, et je n’avalerai pas une goutte d’eau.

Un éclat de rire général accueillit cette déclaration.

— C’est dommage qu’elle soit si simple dit l’un des plus hideux, car elle est gentille à croquer.

Et, sans plus de façon, il arrondit son bras sur la taille de l’orpheline, qui jeta un cri, et fit des efforts pour se dégager.

— Allons, Chanceux, dit celui qui semblait être le chef, ne la chiffonne pas ; tu sais que nous avons besoin de ses frusques.

Puis s’adressant à Justine :

— Vous devez comprendre maintenant que les grands mots, les menaces, et toute espèce de résistance seraient hors de saison. Que vous le veuillez ou que vous ne le veuillez pas, nous aurons ce soir l’or et les diamans de cette vieille bigote qui n’en a pas besoin. Il n’est pas en votre pouvoir d’empêcher cela ; mais vous pouvez rendre l’opération, sinon plus facile, au moins plus prompte, et, comme en pareil cas nous sommes avares de notre temps, nous nous engageons à sauver votre amant pour prix de quelques simples renseignemens.

— Je prends le ciel à témoin, que vous n’obtiendrez rien de moi.

— Tant pis pour Georges ; mais quant à l’argent de la vieille, il n’en sera ni plus ni moins… Nous vous demandons si peu de chose ! Car il ne s’agit plus de nous livrer passage par votre chambre, de nous donner les empreintes des serrures, nous ne voulons que quelques détails sur l’intérieur des appartemens, le nombre des pièces, les meubles…

— Plutôt mourir !

— Allons, il paraît que les absens ont tort. Et ce pauvre garçon qui prétendait que tout vous serait facile pour le sauver.

— Georges ! il aurait pu croire… oh ! non, non ! Georges a une trop belle âme, il m’aime trop pour me croire capable de tant d’infamie.

— Ainsi vous refusez ?

Elle garda le silence.

— Songez bien que c’est vous, maintenant, qui le condamnez au bagne, d’où il ne reviendra jamais.

Justine ne répondit que par des sanglots, et elle couvrit de ses deux mains son visage baigné de larmes.

— Quand je pense, reprit le bandit, qu’il ne faudrait pas dix paroles pour rendre ce bon garçon à sa mère ! Bien plus ! nous lui donnerions les moyens de quitter la France ; vous et sa mère pourriez le suivre, et, comme nous savons payer un service ce qu’il vaut, vous ne partiriez pas les mains vides : il ne tient donc qu’à vous d’être à l’étranger les plus heureuses gens du monde.

À chacune de ces paroles, Justine sentait son cœur se briser ; un instant sa noble résolution fut ébranlée, elle se demanda si, puisqu’elle n’avait aucun moyen d’empêcher sa bienfaitrice d’être dépouillée, il ne serait pas raisonnable de rendre ce mal moins grand en en faisant résulter un bien. Ce sophisme fut bien près de l’emporter ; mais, songeant tout-à-coup qu’elle n’en serait pas moins la complice de ces brigands, et que cette tache serait à jamais ineffaçable, sa vertu se raffermit.

— La vie de Georges sera un long supplice, se dit elle ; mais je n’aurai pas cessé d’être digne de lui… Je ne le verrai plus, mais il m’aimera toujours. Oh ! si je pouvais le consulter, je suis bien sûre qu’il m’approuverait.

— J’attends votre dernier mot, dit le chef de la bande.

— Je ne parlerai pas.

En ce moment on entendit quelque bruit dans l’escalier, la porte de la chambre s’ouvrit brusquement, et un jeune homme entra.

— Eh bien ! dit-il, où en sommes-nous ?

— Elle ne veut rien dire.

— Qu’elle se taise et que le diable l’emporte !… Depuis quand est-il si difficile de faire parler une femme ?… J’en ai confessé trois depuis ce matin, et je quitte à l’instant la femme de chambre qui m’en a dit à elle seule plus que nous n’avons besoin d’en savoir. Ainsi, ne vous inquiétez pas du reste.

— Tu es bien sûr de ton rôle, Grelotin ?

— Je m’en vante. Vous verrez ça : c’est une affaire bien filée, qui me fera honneur… Mais le jour commence à baisser ; je crois que nous n’avons pas un moment à perdre.


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