Calmann-Lévy (p. 123-124).

TROIS LÉGENDES RUSTIQUES

I

Ceci m’a été conté, je crois, par madame Prune :

« Les blaireaux, esprits malfaisants, aiment à s’introduire dans les maisons isolées, à la campagne surtout, sous forme d’ustensiles de ménage, — de marmite principalement.

En général, on s’y prend à ces marmites-là. Mais, quand on veut y faire cuire quelque chose, ça redevient blaireau et ça se sauve en faisant la grimace, — tandis que l’eau qui était dedans se répand sur le feu et l’éteint. »

II

Ceci, je l’ai lu d’abord dans un livre très remarquable et très peu connu sur le Japon ; j’ai pu vérifier ensuite que c’était en effet une croyance de paysans :

« La nuit du nouvel an, il suffit de crier dans un endroit isolé : Gambari-nindo oto-to-ghiçou ! pour voir aussitôt apparaître une main velue dans les ténèbres. »

III

Pris dans le même livre :

« Une certaine nuit de chaque hiver, les chats tiennent, dans quelque jardin isolé, une grande assemblée qui se termine par une ronde générale au clair de lune. »

Vient ensuite cette clause adorable, que je recommande à l’attention de Jules Lemaître et de tous ceux qui sont assez affinés pour comprendre le charme des chats :

— Pour être admis à cette réunion, tout chat est tenu de se procurer un fichu ou un mouchoir de soie dont il se coiffe pour danser.