Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MIRABEAU (André-Boniface-Louis DE RIQUETTI, vicomte DE, frère puîné du grand orateur

Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 1p. 315).

MIRABEAU (André-Boniface-Louis de Riquetti, vicomte de), frère puîné du grand orateur, né au Bignon en 1754, mort en 1792. 11 fit la guerre d’Amérique avec une bravoure brillante et fut décoré de l’ordre de Cincinnatns. iï l’époque de la Révolution, irétait colonel du régiment de Touraine et chevalier de Malte et de Saint-Louis. Nommé député aux états généraux par la noblesse do Limoges, il se rangea parmi les membres les plus intraitables du côté droit, et combattit souvent sou frère qui, d’ailleurs, le traita toujours avec bienveillance et lui évita, par sa popularité, bien des désagréments. Ses excès de table et son énorme embonpoint lui avaient fait donner le surnom de Mimiienti-Tonncau et le rendaient la proie des caricaturistes. Il lui arrivait souvent de monter à la tribune dans un état complet d’ivresse. Comme son frère lui faisait reproche de son intempérance, il lui répondit : « Plaignezvous ! de tous les vieesde la famille, vous ne m’avez laissé que celui-là. »

Cette outre, cette masse de chair avait, d’ailleurs, l’esprit le plus vif et la verve la plus aiguë. « Duns toute autre famille, disait MIRA

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il plaisamment, je passerais pour un mauvais sujet et pour un homme desprit ; dans la mienne, jeparaisun sot et un homme rangé. ■ Rédacteur des Actes des apôtres, il inséra dans ce recueil ultra-royaliste beaucoup de saillies pleines de verve et de gaieté. Il est aussi l’auteur de la publication satirique connue sous le nom de Lanterne magique (1789, 3 n°s), du Voyage national de Mirabeau cadet et d’autres pamphlets spirituels. On a encore de lui un recueil.de Contes posthumes, dont la " versification et facile est gracieuse.

Comme orateur, il mêlait à ses discours des saillies burlesques qui n’étaient pas toujours du meilleur goût. Sans entrer dans aucun détail sur sa carrière de législateur, nous dirons seulement en gros qu’il se montra constamment opposé à toutes tes réformes et le séide obstiné de la petite faction de cour à laquelle il appartenait. Lorsque Louis XVI eut accepté la constitution, le vicomte de Mirabeau, au lieu de prêter le serment au pacte social comme les autres députés, alla briser son épée dans la cour en disant ; ’ Puisque le roi de France ne veut plus l’être, un gentilhomme n’a plus besoin de son épée pour le défendre. • Pendant la session, il eut un duel politique avec le comte de Latour-Maubourg, qui était constitutionnel, et reçut un coup d’épée.

II émigra avant la fin de la session et s’occupa de lever une légion composée de transfuges et de mercenaires, dans le but d’opérer contre la France révolutionnaire. C’est à ce propos qu’on fit courir, à Paris, te distique suivant :

L’horreur de l’eau, l’amour du vin Le retiendront au bord du Rhin.

Plus tard, il se joignit, avec sa légion, au corps d’émigrés du prince de Coudé et fit aux Français une guerre d’escarmouches assez vive. Il mourut d’une fluxion de poitrine à Fribourg en Brisgau, à la fin de 1792. Le 2 janvier précédent, l’Assemblée législative l’avait décrété d’accusation comme traître et conspirateur.