Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme des champs (L’), ou les Géorgiques françaises, poëme de Delille

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 363).

Homme des champs (L’), ou les Géorgiques françaises, poëme de Delille, en quatre chants (1800). Ce poëme est fondé sur un contraste continuel entre Les mœurs de la ville et celles de la campagne. Saint-Lambert s’était déjà rapproché de cette idée dans son poëme des Saisons ; mais il est loin de lui avoir donné autant de développements que Delille. Dans le premier chant, le poëte essaye de peindre un véritable philosophe, sachant multiplier ses plaisirs, au milieu des champs, en multi pliant ses sensations par la variété des scènes rustiques. L’exemple de la bienfaisance lui st donné par la nature même, qui n’est à sos eux qu’un échange éternel de secours et do bienfaits. Il s’associe à ce concert sublime, appelle à l’appui de ses utiles projets les autorités du hameau qu’il habite, et, par ce concours de soins et de bienveillance, assure le bonheur de l’enfance et de la vieillesse. Le second chant peint les plaisirs du cultivateur et décrit ses travaux ; il l’arrache à l’ornière de la routine pour lui apprendre à triompher de tous les obstacles, à perfectionner et les productions et les races indigènes, ainsi qu’à naturaliser les étrangères, à créer ou améliorer les terrains, à fertiliser par des arrosements les lieux les plus arides, à creuser des canaux, à dévider la soie ou à dompter les métaux ; en un mot, le poëte nous montre l’agriculture tantôt comme une déesse qui sème des bienfaits, tantôt comme une fée qui prodigue des enchantements. Le troisième chant est consacré à l’observateur qui s’attache à l’étude des merveilles de la nature dont il est entouré, et se crée un cabinet d’histoire naturelle qu’il enrichit de productions variées, nées sur son propre sol. Enfin, le quatrième apprend au poëte des champs à célébrer, en vers dignes de la nature, ses phénomènes et ses richesses. En enseignant l’art de peindre les beautés champêtres, Delille en à rendu lui-même les traits les plus majestueux et les plus saisissants.

L’Homme des champs souleva de vives critiques lors de son apparition. La vérité est qu’en voulant éviter la trivialité l’auteur a rencontré la sécheresse. Ses peintures sont jolies, mais mesquines et froides ; ses villageois ne sont que d’aimables citadins ; ses cultivateurs, savants, délicats, raisonneurs, physiciens et même métaphysiciens, ressemblent beaucoup aux bergers de Fontenelle ; mais on ne peut s’empêcher de louer l’art avec lequel il sait toujours faire ressortir le trait principal de son tableau, et plusieurs morceaux sont des chefs-d’œuvre dans leur genre, tels que le Tableau de la chasse du cerf, et ce portrait si comique du magister de village.

L’Homme des champs a été traduit en vers latins par Dubois (Paris, 1808, 1 vol. in-18), avec texte en regard