Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HENRI (don), infant de Castille

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 193).

HENRI (don), infant de Castille, né vers 1225, mort en 1304. Frère d’Alphonse X, roi de Castille, il essaya de le détrôner, mais fut complètement battu (1257), et se rendit alors à Tunis, où il adopta, dit-on, la religion et les mœurs des Sarrasins et prit du service dans l’armée musulmane. Las de ce genre de vie, don Henri se rendit en Italie et alla trouver Charles d’Anjou, qui venait de conquérir le royaume de Naples (1268). Ce prince l’accueillit d’autant plus favorablement que Henri lui prêta une forte somme d’argent, et demanda au pape Clément IV de donner à l’infant de Castille l’investiture du royaume de Sardaigne. Mais la mésintelligence ne tarda pas à se mettre entre les deux princes. Charles d’Anjou refusa de rendre l’argent qu’il avait emprunté. Furieux contre le roi de Naples, Henri résolut de le renverser, se rendit à Rome, où il s’empara du pouvoir, se déclara le partisan de Conradin, qu’il appela en Italie, l’accueillit en grande pompe à Rome, l’aida à chasser les Angevins de la Sicile et se signala par sa grande bravoure à la bataille de Tagliacozzo, où Conradin fut vaincu et fait prisonnier (1268). Livré peu après à Charles d’Anjou, par l’abbé du Mont-Cassin, l’infant Henri fut enfermé dans une cage de fer, traîné ainsi de ville en ville et livré à la risée de la populace ; grâce à l’intervention du pape Honorius IV, il recouvra enfin la liberté en 1294, et retourna alors en Castille, où régnait son neveu don Sanche. À la mort de ce prince (1295), il se fit nommer régent du royaume et gouverna la Castille jusqu’à la majorité de Ferdinand IV, en 1302. Deux ans après, il mourut sans laisser d’enfant. C’était un prince perfide et rusé, d’une nature inconstante et inquiète, et extrêmement vicieux.