Mercure de France (p. 208-209).

CXX

Tout ce qui brille n’est pas or.


La notion du brillant chez les Bourgeois ne diffère pas de la notion collatérale du reluisant. Esthétique de décrotteur. En littérature, par exemple, Paul Bourget est un brillant écrivain, toujours jeune, et l’auteur de Quo vadis ? en est un autre, peu éloigné de resplendir. Toutefois de pareilles opinions supposent qu’on est à la cime de l’intellectualité bourgeoise. À de moindres altitudes, un simple boudin peut paraître aussi éclatant que l’Iliade. Mais il ne s’agit pas de ça.

Il s’agit de l’or, non de l’or des cœurs, ni de celui dont la Jérusalem des cieux est bâtie, mais de l’or dont on fait les pièces de vingt francs, et qui n’est précieux que par ce qu’il vaut beaucoup d’argent. Au fond, ce Lieu Commun n’est, ainsi que tant d’autres, qu’une façon quelconque d’exprimer la divinité incommunicable de l’Argent. Car enfin l’or peut être mat et, alors, le brillant ou le reluisant qu’on lui suppose n’égale pas celui d’une paire de bottes, un jour de revue. L’argent lui-même, le sacré argent n’a pas besoin de briller, et la preuve, c’est qu’il y a des torche-cul d’un bleu pâle qui ne valent pas moins de mille francs.