Du traitement de l’hypospadias/Historique

G. Carré et C. Naud (p. 10-12).

HISTORIQUE


L’histoire de l’hypospadias comprend deux grandes périodes, si l’on prend comme point de division l’apparition d’une méthode rationnelle de traitement.

D’une part, la période, antérieure à 1861, c’est-à-dire à la publication du mémoire de Bouisson, l’autre, jusqu’à nos jours.

Il est rationnel en effet de prendre le mémoire du Professeur de Montpellier comme marquant la division, car si la symptomatologie n’a pas changé, il n’en est pas de même des ressources que le médecin peut offrir au malade depuis les travaux de cet auteur.

Nous rappellerons en quelques mots, en empruntant au travail de Bouisson, les auteurs qui s’en sont occupés avant lui.

Dès la plus haute antiquité, l’hypospadias était connu ; nous voyons Aristote en parler en termes vagues, il est vrai, et c’est Galien qui, le premier, nous en donne une description claire et précise. C’est lui d’ailleurs qui lui donne le nom d’hypospadias, et il est frappé en même temps des complications qui l’accompagnent toujours dans ses formes graves : l’incurvation de la verge. Paul d’Egine, au viie siècle, en donne un traitement chirurgical et nous dit : « Beaucoup de gens ont le gland imperforé dès leur naissance, mais l’orifice existe sous la partie appelée chien (filet ou frein), vers la terminaison ». Comme on le voit il n’a en vue que l’hypospadias balanique.

Les chirurgiens de la Renaissance n’ajoutent rien à ces notions. Les siècles se succèdent, aucune tentative n’est faite pour le traitement. On se livre à des considérations symptomatiques, on donne d’excellentes descriptions, on fait même un essai de pathogénie. Morgagni a le mérite de faire entrevoir que l’hypospadias est dû à un arrêt de développement, puis les mémoires de Pinel, Scheider, Geoffroy Saint-Hilaire, s’occupant d’embryologie et en particulier de l’hermaphrodisme, consacrent quelques mots à l’hypospadias.

Sabatier, dans son Traité de médecine opératoire, réunit les tentatives chirurgicales faites pour l’hypospadias balanique et pénien. Mais c’est Bouisson, en 1861, qui réunit les faits épars, les groupe et les rassemble en une question uniforme à laquelle il ajoute le traitement. Deux ans après, M. le professeur Guyon, dans sa thèse d’agrégation, achève de mettre la question au point. À partir de cette époque, ce sont les procédés opératoires qui font alors le sujet de toute étude sur l’hypospadias. D’abord les tentatives de Thiersch, de Moutet, de Th. Anger. Enfin la remarquable étude thérapeutique de Duplay qui montre que tous les hypospadias sont justifiables d’un traitement et qui pose les règles du manuel opératoire, la restitution du canal par les greffes autoplastiques.

Depuis, avec l’époque de la chirurgie moderne, nous voyons d’autres publications concernant le traitement. On cherche à modifier le procédé de notre Maître, mais on ne le modifie pas dans ses grandes lignes. Ce sont les observations de Bidder, Pousson, Routier, Laurent de Bruxelles qui a recours à la greffe d’après le procédé de Ollier, enfin, en 1897, l’excellente thèse de Reure à Lyon, inspirée par M. Noué-Josseraud.

La pathogénie aussi, s’inspirant des dernières recherches embryologiques sur le développement des organes génitaux, s’éclaire d’un jour nouveau.