Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Agathon


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AGATHON, poëte tragique et poëte comique (A), disciple de Prodicus[a] ; et de Socrate[b], est fort célèbre par sa beauté dans les Dialogues de Platon[c], où d’ailleurs on lui attribue un bon naturel [d]. Il y a quelques auteurs qui rapportent qu’il était fort honnête homme, et que sa table était magnifique[e]. Ils se fondent peut-être sur les festins qu’il donna après que sa première tragédie eut remporté la victoire[f], et qu’il eut été couronné en présence de plus de trente mille hommes [g], l’an 4 de la 90e. olympiade [h]. Platon suppose que les discours qu’il raconte sur la nature de l’amour, dans l’un de ses livres[i], furent tenus le jour d’après ce couronnement, au second festin qu’Agathon donna. Les pièces de ce poëte étaient si remplies d’antithèses, qu’il dit un jour à un homme qui les en voulait ôter : Vous ne prenez pas garde que vous arrachez Agathon à Agathon[j]. Il fut le mignon de Pausanias le Céramien, et il le suivit à la cour d’Archelaüs, roi de Macédoine[k]. Il se brouillait souvent avec lui ; mais c’était afin de lui procurer par la réconciliation un plaisir plus vif. C’est ainsi qu’il s’en expliqua à ce prince, qui lui demandait la cause de leurs fréquentes querelles, comme nous l’apprenons d’Élien, au chapitre XXI du second livre de son Histoire diverse. J’ai dit ailleurs[l] ce que l’on conte de la passion d’Euripide pour Agathon. La réponse de celui-là est mal rapportée dans les dictionnaires historiques (B). Il semble que le scoliaste d’Aristophane nous apprenne qu’Agathon mourut à la cour d’Archelaüs (C) : et l’on pourrait conclure des paroles d’Aristophane qu’il ne vivait plus lorsque la comédie des Grenouilles fut jouée (D), c’est-à-dire, l’an 3 de la 93e. olympiade [m]. Il ne nous reste d’Agathon que ce qu’on en trouve dans Aristote, dans Athénée, etc..., qui l’avaient cité. Ce sont d’assez belles sentences, et qui confirment ce que l’on a dit de sa passion pour les antithèses (E). J’en rapporterai un exemple où l’on verra une maxime de très-bon sens sur la tromperie des apparences (F). Aristophane le satirise beaucoup du côté des mœurs dans l’une de ses comédies[n]. Je crois que nous le devons distinguer de cet Agathon que le philosophe Platon aima tendrement (G). La faute de Budé fut sans doute volontaire lorsqu’il dit, dans le chapitre XXV de l’Institution du Prince, qu’Euripide, à la table d’Archelaüs, baisa une dame qui avait nom la belle Agathe.

  1. Vide inter Platonis opera ejus Dialogum, cui titulus Protagoras, pag. 220.
  2. Scholiastes Aristophanis in Ranas, act. I, scen. II.
  3. Plato in Protagorâ, pag. 220, et in Convivio, pag. 1175.
  4. Plato in Protagorâ, pag. 220.
  5. Ἀγαθὸς τὸν τρόπον καὶ τὴν τρἀπεζαν λαμπρός. Moribus bonis, et mensâ lautus. Scholtiast. Aristoph. in Ranas, act. I, sc. II. Voyez aussi Suidas in Ἀγάθως.
  6. Plato in Convivio, init., pag. 1174.
  7. Id. ibid., pag. 1176.
  8. Voyez Athénée, liv. V, pag. 217 ; et Casaubon sur Athen., pag. 379.
  9. Dans son Convivium.
  10. Ælian Var. Histor., lib. XIV, cap. XIII. Voyez aussi Athénée, lib. V, p. 187.
  11. Plato in Protagorâ, pag. 220 ; Athen., lib. V, pag. 216 ; Maximus Tyrias, Sermon. X, pag. 106 ; Æliani Var. Hist. lib. II, cap. XXI.
  12. Dans la remarque (O) de l’article Euripide. Voyez aussi Scholiast. in Ranas Aristophanis, act. I, scen. II.
  13. Voyez Samuel. Petiti Miscell., lib. I, cap. XIV, pag. 50.
  14. In Thermophoriazuzis.

(A) Poëte tragique, et poëte comique. ] Personne ne doute qu’il n’ait fait des tragédies : il suffit donc de prouver qu’il a fait des comédies. J’ai à citer là-dessus le scoliaste d’Aristophane sur la IIe. scène du Ier. acte des Grenouilles. Οὗτος ὁ Ἀγάθων κωμᾳδοποιὸς τοῦ Σωκράτους διδασκάλου. Hic Agathon comicus, Socrate docente. Notez qu’il parle du même poëte qui est l’un des interlocuteurs de Platon dans le Festin, et qui très-certainement composa des tragédies. Je cite aussi ces paroles de Philostrate, Καὶ Ἀγάθων δε ὁ τῆς τραγῳδίας ποιητὴς, ὁν ἡ κωμῳδία σοϕόντε καὶ καλλιεπῆ οἶδε, πολλαχοῦ τῶν ἰαμϐείων Γοργιάζει[1]. Enimverò etiam Agatho tragicus, quem comœdia sapientem et elegantem agnovit, in ïambis suis sæpè Gorgiæ stylum imitatur. Je sais bien que ces paroles peuvent signifier qu’on le loua dans les comédies ; mais elles peuvent aussi être prises en ce sens : c’est qu’il fit paraître son habileté et son élégance dans les comédies qu’il composa. Un docte critique conjecture que c’est en faveur de notre Agathon que Socrate dit qu’il appartient à un même homme de composer des tragédies et des comédies ; et que si quelqu’un possède l’art des tragédies, il est dès là poëte comique[2] Τοῦ αὑτοῦ ἀνδρὸς εἶναι κωμῳδίαν καὶ τραγῳδίαν ἐπίςασθαι ποιεὶν, καὶ τὸν τέχνῃ τραγῳδοποιον ὄντα καὶ κωμῳδοποιὸν εἶναι[3]. Ejusdem viri officium esse tragædiam comædiamque componere, eumque qui arte tragicus est, esse quoque comicum. Je trouve assez vraisemblable que l’on multiplie les êtres sans nécessité lorsqu’on nous donne un Agathon poëte comique, différent du nôtre. C’est ce qu’ont fait Vossius[4], Moréri, Hofman, etc.

(B) La réponse d’Euripide est mal rapportée dans les dictionnaires historiques. ] Je la donne ailleurs[5] comme elle doit être ; la voici dans un grand désordre : Agatho philosophus Pythagoricus, frequens antithetis, adhibitus quondàm convivio ab Archelao Rege, cujus erat familiarissimus, interrogatusque ab eo, cùm jam esset annorum octogina, si robur adhuc ullum servaret ? « Sanè, inquit, non solùm ver, sed autumnus solet bona et prosperitatem adferre[6]. » Comptons les fautes. 1°. L’Agathon qui aimait les antithèses, et qui fut à la cour d’Archelaüs, n’était point Pythagoricien. 2°. Il n’avait qu’environ quarante ans lorsque Archelaüs donna lieu à la réponse dont il s’agit[7]. 3°. Ce ne fut point Agathon, mais Euripide qui fit la réponse. 4°. La question ne roulait point sur la force, mais sur la beauté ; et la réponse ne roulait pas sur les biens de la fortune. 5°. Ce serait une absurdité que de prendre pour l’automne de la vie l’âge de quatre-vingts ans. 6°. Je ne pense point qu’aucun philosophe de la secte de Pythagore se soit nommé Agathon. Toutes ces fautes de Charles Étienne se rencontrent dans la seconde édition de Lloyd, et l’on y voit même plus exactement marqué le prétendu témoignage d’Élien[8]. Cette exactitude nuit à l’auteur ; car, puisqu’il n’ignorait pas en quel chapitre se pouvait trouver la chose, il est plus inexcusable d’avoir copié tous les mensonges du dictionnaire qu’il corrigeait. M. Hofman l’a suivi lettre pour lettre, et à distingué de cet Agathon celui qui alla à la cour d’Archelaüs. M. Moréri a parlé aussi d’un Agathon philosophe pythagoricien, qui, à l’âge de quatre-vingts ans, répondit à ce monarque que l’automne donne des fleurs et des fruits aussi-bien que le printemps. Il parle ensuite d’Agathon poëte tragique, et d’Agathon poëte comique.

(C) Qu’Agathon mourut à la cour d’Archelaüs. ] Ἀρχελάῳ τῷ ϐασιλεῖ μέχρι τελευτῆς μετὰ ἄλλων πολλῶν συνῆν ἐν Μακεδονία[9] : c’est-à-dire, il demeura avec plusieurs autres dans la Macédoine auprès du roi Archelaüs jusqu’à sa mort. Cela peut signifier, ou jusqu’à la mort d’Archelaüs, ou jusqu’à la mort d’Agathon. C’est pourquoi je ne donne point ces paroles comme une preuve certaine.

(D) Qu’il ne vivait plus lorsque la comédie des Grenouilles fut jouée. ] Nous y trouvons ces trois vers :

Η Ρ. Ἀγάθων δὲ ποῦ᾽ ςιν ; Δ Ι. ἀπολιπών μ᾽ ἀποίχεται,
Ἀγαθὸς ποιητὴς, καὶ ποθεινὸς τοῖς ϕίλοις.
Η Ρ. Ποῖ γῆς ὁ τλῆμων ; Δ Ι. ἐς μακάρων εὐω χίαν[10].

He. Ubi verò est Agatho ? Ba. Reliquit me, et abiit,
Bonus poeta, et amicis optatissimus.
He. Quò abiit miser ? Ba. Ad beatorum conviviunt.

(E) Qui confirment ce que l’on a dit de sa passion pour les antithèses. ] M. Kuhnius a rapporté trois sentences d’Agathon dans la vue de faire sentir ce goût[11]. Les deux premières ont été citées par Aristote, et l’autre par Athénée. Le sens de celle-ci est : Si je vous dis la vérité, je ne vous plairai point ; et si je vous plais, je ne vous dirai pas la vérité[12]. Celles qu’Aristote allégue signifient, l’une, que la seule chose qui est impossible à Dieu, est de faire que ce qui a été fait n’ait été fait[13] : l’autre, que la fortune aime l’art, et que l’art aime la fortune [14]. Vossius s’est imaginé que cette dernière sentence est d’Agathon le comique[15] ; mais il eût mieux fait de la donner au tragique et de prendre garde que l’esprit d’antithèse la lui adjuge. Je dis ceci, sans prétendre qu’il soit certain qu’Agathon poëte tragique diffère d’Agathon poëte comique. M. Moréri, selon sa coutume, a copié Vossius. Je m’étonne que M. Kuhnius n’ait pas allégué ceci :

Τὸ μὲν πάρεργον ἔργον ὡς ποιούμεθα,
Τὸ δ᾽ ἔργον ὡς πάρεργον ἐκπονούμεθα[16].

Operis loco ducimus accessorium,
Et in opere satagimus ut accessorio.

(F) Une maxime de très-bon sens sur la tromperie des apparences. ] Agathon observe qu’il est vraisemblable que plusieurs choses arrivent qui ne sont pas vraisemblables. Εἰκὸς γίνεσθαι πολλὰ καὶ παρὰ τὸ εἰκὸς. Verisimile est et multa fieri præter verisimile. C’est ainsi que Vossius rapporte cette sentence, et il observe qu’Aristote l’a alléguée en plus d’un endroit [17]. Voici de quelle manière ce grand philosophe l’a citée dans le chapitre XXIV du IIe. livre de sa Rhétorique.

Τάχ᾽ ἄν τὶς εἰκὸς αὐτὸ τοῦτ᾽ εἶναι λέγοι,
Βροτοῖσι πολλὰ τυγχάνειν οὐκ εἰκότα[18].

Fortassè aliquis verisimile id ipsum esse dixerit,
Mortalibus multa evenire non verisimilia.

On peut comparer à cette maxime celle de saint Bernard : Ordinatissimum est, minùs interdùm ordinatè fieri[19] : c’est-à-dire, il est tout-à-fait de l’ordre que de temps en temps il se fasse quelque chose contre l’ordre. M. de Balzac rapporte si mal cette pensée d’Agathon, qu’il fait d’une très-belle maxime un mensonge affreux. Combien que les affaires du monde, dit-il[20], changent quelquefois de cours, prenant un autre chemin que le leur accoustumé, et que cela seulement soit vraisemblable, ainsi que disoit Agathon, que beaucoup de choses arrivent contre la vraisemblance ; toutes fois, communément parlant, semblables entreprises produisent semblables événemens. L’adverbe seulement produit là un monstre ; et, si c’était une faute d’impression[21], je m’étonnerais qu’un correcteur d’imprimerie n’en eût pas été épouvanté. Car qu’y a-t-il de plus énorme que de soutenir qu’il n’est jamais vraisemblable qu’une chose arrive conformément à la vraisemblance ? Voilà le bel axiome que l’on prête à notre Agathon dans le Prince de Balzac ; mais la suite du discours témoigne que si la pensée de ce poëte a été gâtée sur le papier, elle ne l’a pas été dans l’esprit de l’écrivain : il est sûr que Balzac a voulu dire avec Agathon, que cela même est vraisemblable, que beaucoup de choses arrivent contre la vraisemblance. Euripide trouvait si beau cet aphorisme, qu’il l’a répété cinq fois ; car, dit M. Costar[22], il a fini sa Médée, son Alceste, son Andromaque, ses Bacchiques et son Hélène par cette sentence[* 1] : « Les dieux se jouent de la prévoyance des hommes, et trompent également leurs espérances et leurs craintes. Ils détournent quelquefois des événemens que tout le monde attendait ; et, ouvrant des passages et des chemins inconnus, font réussir des desseins apparemment impossibles. » Sénèque s’est très-bien servi de cette pensée pour rassurer ceux qui s’étonnent des approches apparentes et très-probables de la mauvaise fortune : Combien de choses, dit-il, sont arrivées que personne n’attendait ; combien d’autres n’ont jamais paru, quoique tout le monde les attendît ? Il n’y a rien de si assuré parmi celles que l’on redoute, qu’il ne soit encore plus certain que nos craintes et nos espérances n’ont quelquefois aucune suite. Les paroles de Sénèque ont plus de force, il vaut mieux les copier : Verisimile est aliquid futurum mali ? Non statìm verum est. Quàm multa non exspectata venerunt, quàm multa exspectata nunquàm comparuerunt !… multa interveniunt quibus vicinum periculum vel propè admotum, aut subsistat, aut desinat, aut inalienum caput transeat… habet etiam mala fortuna levitatem : fortassè erit, fortassè non erit. Interim dùm non est meliora propone..… nihil tam certum est ex his quæ timentur, ut non certius sit et formidata subsidere, et sperata decipere[23]. Le cardinal Pallavicin s’est fort emporté contre Fra-Paolo, qui a pris la réception de la doctrine de Zuingle par les cantons évangéliques, comme une preuve manifeste qu’une cause plus relevée que Zuingle s’était mêlée là-dedans. Je laisse là les réflexions du Pallavicin ; mais je copie ce qu’il emprunte d’Aristote, qu’il arrive quelquefois que les choses les plus probables sont fausses ; car, si elles étaient toujours séparées de la fausseté, elles seraient certaines, et non pas probables. Vous allez voir qu’on se fonde sur cette maxime pour accuser de témérité et de présomption ceux qui se mêlent de juger de la providence de Dieu. Un tel est chrétien et dévot ; donc il est prédestiné au salut : un tel est mahométan et scélérat ; donc il est prédestiné à la damnation. Conséquences téméraires, puisqu’elles trompent quelquefois. C’est le cardinal Pallavicin qui le remarque ; voici le passage tout entier : Per tanto chi ascrive le prosperità della miglior causa ad una volontà che Dio habbia di farla stabilmente prevalere alla rea ; discorre con pietà probabile e saggia : quantunque talora s’inganni, secondo l’insegnamento del filosofo : che talvolta il più probabile è falso, perciòche se da falsità fosse esente, non saria probabile, mà certo. E se basta il potersi ingannare acciòche ogni giudicio, quantunque dubitativo della Providenza divina chiamisi presontuoso ; chiamerassi presontuoso chiunque dall’ haverlo Dio fatto nascere fra’ Cristiani e viver divotamente, prende conghiettura che l’habbia destinato alla vita eterna ; e ’l contrario s’avvisa di chi nacque Saraceno e vive scelerato : essendo manifesto poter succedere che il primo si danni, e ’l secondo si salvi[24].

Non-seulement les médecins doivent profiter de la sentence d’Agathon, mais aussi les nouvellistes. Un professeur de Leipsick exhorte les médecins à ne parler qu’avec beaucoup de précaution, s’ils veulent faire honneur à la médecine. Il veut qu’ils ne promettent point trop, qu’ils n’épouvantent pas aussi excessivement, et qu’ils parlent toujours conditionnellement, et avec un peut-être[25]. Tout cela, en vertu de la maxime de Sénèque, qu’on a vue ci-dessus. On peut donner un semblable avis aux grands raisonneurs sur les nouvelles : je parle des raisonneurs qui ont beaucoup de sagacité et beaucoup de jugement. Ils devinent juste en mille occasions : il leur arrive cent fois l’année de n’avoir pas lieu de se repentir du ton décisif avec lequel ils se sont moqués des espérances ou des menaces des gazetiers. Cela les rend plus hardis à rejeter magistralement toutes les nouvelles qui choquent la vraisemblance ; mais ils s’y échaudent quelquefois : car l’événement confirme en quelques rencontres les nouvelles les plus impertinentes et les plus extravagantes qui se puissent débiter, et qu’ils avaient condamnées comme des chimères ou comme des démarches incompatibles avec la sagesse qui a tant paru dans le conseil d’un état. Cette règle se dément ; elle attrape les raisonneurs qui s’y fient trop. Il est donc de la prudence d’aller un peu bride en main, et de ne pas prononcer des arrêts définitifs, sous prétexte que l’on a pour soi les apparences les plus plausibles. Mais si, même dans ce cas-là, il est juste de ne point faire le dictateur, quel blâme ne méritent pas ceux qui se mêlent de promettre, contre toutes les apparences, les plus grands succès, et de publier ces promesses comme fondées sur l’Apocalypse ?

(G) Cet Agathon, que le philosophe Platon aima tendrement. ] Ce philosophe fit un distique tout-à-fait tendre et si plein de sens, qu’un poëte latin y trouva de la matière pour dix-sept vers. Rapportons ici tout un chapitre d’Aulu-Gelle[26] : Celebrantur duo isti græci versiculi, multorumque doctorum hominum memoriâ dignantur, quòd sint lepidissimi et venustissimæ brevitatis. Neque adeò pauci sunt veteres scriptores, qui eos Platonis esse philosophi affirmant, quibus ille adolescens luserit, quùm tragædiis quoque eodem tempore faciendis præluderet :

Τὴν ψυχὴν, Ἀγάθωνα ϕιλῶν, ἐπὶ χείλεσιν ἔσχον.
Ἦλθε γὰρ ἡ τλήμων ὡς διαϐησομένη[27].


Hoc distichon amicus meus οὐκ ἄμουσος adolescens in plures versiculos licentiùs liberiusque vertit : qui quoniam mihi quidem visi sunt non esse memoratu indigni, subdidi.

Dùm semihulco savio
Meum puellum savior ;
Dulcemque florem spiritûs
Duco ex aperto tramite :
Animula ægra et saucia
Cucurrit ad labias mihi,
Rictumque in oris pervium,
Et labra pueri mollia,
Rimata itineri transitus,
Ut transiliret nititur.
Tùm si moræ quid plusculæ
Fuisset in cœtu osculi :
Amoris igni percita
Transîsset, et me linqueret :
Et mira prorsùm res foret,
Ut ad me fierem mortuus ;
Ad puerum at intùs viverem.

Notez que Platon n’était âgé que de quatorze ans lorsque notre poëte Agathon remporta le prix de la tragédie [28] : il n’y a donc pas beaucoup d’apparence qu’il ait soupiré pour lui : ce fut pour un Agathon beaucoup plus jeune.

  1. (*) Πολλὰ δ᾽ ἀέλπτως κραίνουσι θεοί. Καὶ τὰ δοκηθέντ᾽ οὐκ ἐτελέσθη τῶν δ᾽ ἀδοκήτων πόρον εὗρεν θεός.
  1. Philostr. de Vitis Sophist., lib. I.
  2. Kuhnius, in Æliani Var. Histor., lib. II, cap. XXI, pag. 104.
  3. Plato in Convivio, in fine, pag. 1207.
  4. Vossius, de Poetis Græcis, pag. 39, 50.
  5. Dans la remarque (O) de l’article Euripide.
  6. Carolus Stephanus in voce Agatho, p. 117.
  7. Voyez la remarque (O) de l’article Euripide.
  8. Ælian. Var. Histor., lib. XIII, cap. IV, Lloyd, voce Agatho.
  9. Schol. Aristoph. in Ran., act. I, scen. II.
  10. Aristophan. in Ranis, act. I, scen. II, vs. 46.
  11. Gustum antithetorum Agathonis dare possumus. Kuhnius in Æliani, lib. XIV, cap. XIII, pag. 735.
  12. Athen., lib. V, cap. XIII, pag. 211.
  13. Arist. Ethic. Eudemior., lib. V, cap. II, pag. 182.
  14. Id. ibid., cap IV, pag. 183.
  15. Vossius, de Poetis Græcis, pag. 59.
  16. Agath. apud Athen., lib. V, initio.
  17. Vossius, Institut. Poetic., lib. I, p. 16.
  18. Agath. apud Arist. Rhetoric., lib. II, cap. XXIV, pag. 448.
  19. Bernard Epist. CCLXXVI ad Eugen. III.
  20. Balzac, dans son Prince, num. 142, pag. 100 Édit. de Rouen, en 1632, in-4.
  21. Seulement, au lieu de sûrement. Notez qu’il y a des gasconismes où seulement signifie même. Voyez les Remarques de Vaugelas, tom. II, pag. 180.
  22. Costar, suite de la Défense de Voiture, pag. 406.
  23. Seneca, Epist. XXIV, pag. 187.
  24. Pallavicini, Istor. del Concilio, lib. III, cap. VIII, pag. 303.
  25. Biblothéque Universelle, tom. XIV, pag. 80, 81, dans l’extrait des Miscellanea curiosa Medica de Christianus Langius.
  26. Le XIe. du XIXe. livre.
  27. Notez que Diogène Laërce, liv. III, num. 32, en rapportant ces deux vers grecs, dit qu’ils furent faits par Platon, pour Agathon. On les a traduits ainsi dans l’édition grecque-latine de Diogène Laërce :

    Suavia dans Agathoni, animam ipse in labra tenebam :
    Ægra etenim properans tanquàm abitura fuit.

  28. Athen., lib. V, cap. XVIII, p. 217.

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