Coups de clairon/Quéqu’s renseign’ments ?

Coups de Clairon : Chants et Poèmes héroïques
Georges Ondet, Éditeur (p. 33-38).


Quéqu’sxxxxxxxxxx
xxxxxxxxxxRenseign’ments ?…













QUÉQU’S RENSEIGN’MENTS ?

CHANSON RUSTIQUE

Musique de THÉODORE BOTREL.

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  si8~ si mi, fa | fa mi mi \stemNeutral mi' | mi4 mi8^\markup "rall. poco" mi | \break
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textA = \lyricmode {
  Cer -- tes, 
  Mon -- sieur l’So -- cia -- lis -- te, 
  J’crois à vos bons sen -- ti --
  ments Mais, a -- vant d’è -- lir’ vot’ lis -- te, J’vou -- drais 
  ben quèqu’s ren -- seign’ ments_: Il vous s’ra fa -- cile, en 
  somme, D’m'é -- clai -- rer, che -- min fai -- sant, Car vous 
  êt’s un sa -- vant hom -- me Tan -- dis qu’moi j’suis qu'un 
  \emphasize «_pé --   san._» \normal Oui, vous êt’s un sa -- vant hom -- me_; Moi je 
  n’suis qu’un pauv' \emphasize «_pé- san_»_! \normal
  Vous m’traî-
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Certes, Monsieur l’Socialiste,
J’crois à vos bons sentiments ;
Mais, avant d’élir’ vot’ liste,
J’voudrais ben quéqu’s renseign’ments :
Il vous s’ra facile, en somme,
D’m'éclairer, chemin faisant,
Car vous êtes un savant homme
Tandis qu’moi j’suis qu’un « pésan ».
Oui, vous êt’s un savant homme ;
Moi, je n’suis qu’un pauv’ « pésan » !


Vous m’traitez d’être servile,
Courbé sous l’joug des seigneurs ;
Vous m’dit’s de v’nir à la Ville
Oùsque les gains sont meilleurs…
Dam’ ! ma foi, je n’puis vous l’taire,
Ça m’irait d’ètr’ pus heureux…
Mais qui donc soign’ra la Terre
Quand y-aura pus d’laboureux ?
Dit’s, qui donc soign’ra la Terre
Quand y-aura pus d’laboureux ?

Pour noyer quelque déboire
Souvent — dit’s la vérité —
Vous ne dédaignez pas d’boire
Un’ bouteille… à not’ santé !
Mais boir’ du vin c’est indigne :
C’est boir’ la sueur de nos fronts…
Puis, qui donc taill’ra la Vigne
Quand il n’y-aura pus d’Vign’rons ?
Dit’s, qui donc taill’ra la Vigne
Quand il n’y-aura pus d’Vign’rons ?

Qui donc moudra vot’ farine
Quand il n’y-aura pus d’meuniers.
Comment f’ra-t-on vot’ cuisine
Quand n’y-aura pus d’charbonniers ?
Pour vous loger, vous, les vôtres,
Qui donc qui f’ra des maisons ?
Franch’ment, ça s’ra-t-il vous autres,
Vous qu’èt’s tous des francs… maçons ?
Vous m’fait’s rigoler, vous autres,
Qui n’ét’s pas pus francs qu’maçons !


D’vant un prètr’ votre œil s’allume :
Vous le regardez d’‹travers,
Vous qui voulez, d’un trait d’plume,
Rayer Dieu de l’Univers ;
Bon ! tout s’est fait seul : les Plaines,
Les Mers, les Soleils de feu…
Mais qui m’consol’ra d’mes peines
Quand il n’yaura pus d’bon Dieu ?
Dit’s, qui m’consol’ra d’mes peines
Quand il n’yaura pus d’bon Dieu ?

Vous criez, d’un air terrible,
La voix pleine de rancœurs,
Qu’ la Guerre est une chose horrible
Dont saign’nt même les Vainqueurs !…
J’ dis comm’ vous, moi, sans ment’rie,
Surtout d’puis qu’ j’ai des p’tits gâs…
Mais qui gard’ra la Patrie
Quand il n’yaura pus d’soldats ?
Dit’s, qui gard’ra la Patrie
Quand il n’yaura pus de soldats ?

Allons, merci d’ vos Lumières !
Sans rancune aucune, adieu !
J’ gard’ vos Journaux incendiaires…
Pour en allumer mon feu ;
J’y ferai cuir’ mes pois-chiches
En r’disant à mes p’tits fieux :
Sur Terre faut qu’y ait des Riches
Et qu’y ait des malheureux,
Car si yavait pus qu’ des Riches…
Yaurait pus qu’des malheureux !