Coups de clairon/Charette/La Salle des zouaves

Coups de Clairon : Chants et Poèmes héroïques
Georges Ondet, Éditeur (p. 125-128).


La Salle des Zouaves












 


 

LA SALLE DES ZOUAVES[1]


Français qui viens ici comme en pèlerinage,
Découvre-toi, salue ainsi qu’en un Saint Lieu :
Car c’est vraiment un Temple — un Temple d’un autre âge —
La Gloire en est le Culte et la France le Dieu !

Regarde ces drapeaux, ces toiles, ces statues,
Scrute bien tous ces murs, écoute leurs échos…
Si tu sais écouter les voix qui se sont tues
Entends bien celles des Zouaves Pontificaux !


Et ces voix te diront qu’il faut qu’on vive et meure
Pour garder du péril la Patrie et la Foi ;
Des cris, d’immenses cris emplissent la demeure :
« Vivent la France et Dieu ! Vive le Pape-Roi » !

Tous les morts de Loigny, du Mans et de Cercotte
De Castelfidardo, de Rome et Mentana,
Doivent hanter, la nuit, la douce Basse-Motte
Chez celui qui, jadis, les menait au combat ;

Car ils l’aiment toujours, comme ils l’aimaient naguère,
Leur Charette, leur chef si vaillant et si beau ;
S’il poussait, tout à coup, son ancien cri de Guerre
Tous ils se lèveraient, tout armés, du tombeau !

À la Force d’hier, la Grâce féminine
Prêterait son concours, s’il le fallait demain :
Héros, fils de héros, ce fut une héroïne
Qui, dans sa rude main, mit sa petite main ![2]

Oui, toi qui viens ici comme en pèlerinage,
Découvre-toi, salue ainsi qu’en un Saint Lieu :
Car c’est vraiment un Temple — un Temple d’un autre âge —
La Gloire en est le Culte et la France le Dieu !



  1. Au château de la Basse-Motte (Ille-et-Vilaine), une salle et une chapelle sont consacrées aux souvenirs des Zouaves morts au champ d’honneur. — C’est là aussi que se trouve la bannière de Loigny.
  2. Durant les guerres d’Amérique, Mme de Charette, encore enfant, sauva par son sang-froid un régiment qui, en remerciement, lui donna son drapeau.