Coups de clairon/1870/Oublier ?… Jamais !
OUBLIER ?… JAMAIS !
Quand, par delà la frontière,
On insulta le Drapeau,
Dans un élan de colère
Nous chantâmes aussitôt :
C’est la guerre, la guerre, la guerre,
C’est la guerre qu’il nous faut !
On sort de la vieille armoire
Képi, tunique et flingot ;
En trinquant à la Victoire
Nous vidons un dernier pot :
C’est à boire, à boire, à boire,
C’est à boire qu’il nous faut !
Et voilà, gaîment, la troupe
Qui s’en va, le sac au dos ;
À travers la plaine on coupe
Et l’on fredonne, aux repos :
C’est la soupe, la soupe, la soupe,
C’est la soupe qu’il nous faut !
Quand la diane sonne « En route ! »
On se réveille en sursaut :
« Cantinière ! on n’y voit goutte,
Par où donc est ton tonneau ?
C’est la goutte, la goutte, la goutte,
C’est la goutte qu’il nous faut ! »
Tout à coup, une décharge
Nous couche un tas sur le dos…
Le clairon, d’un souffle large,
Nous fait frémir jusqu’aux os :
C’est la charge, la charge,
C’est la charge qu’il nous faut !
Les Pruscos en avalanche
Nous ont débordés bientôt…
… Et, le soir, la neige blanche
Nous couvre de son manteau :
C’est la Revanche, la Revanche,
C’est la Revanche qu’il nous faut !
France ! il est dans ton Histoire
Une page noire en trop :
France ! il nous faut la Victoire
Pour venger notre Drapeau :
C’est ta Gloire, ta Gloire, ta Gloire,
C’est ta Gloire qu’il nous faut !