Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7473
Mon cher président, les marques de votre souvenir me sont toujours bien chères. Ne viendrai-je donc jamais vous en remercier à Dijon ? Ne verrai-je point cette Académie dont je vous regarde comme le fondateur ? Il y a quinze ans que j’habite la campagne : il faudra bien qu’enfin j’aille vous embrasser à la ville, et que je vous remercie, vous et M. Le Gouz, de l’adoucissement qu’il a mis aux prétentions de votre confrère le président de Brosses, qui faisait tant de cas de mes meubles, et qui, par mégarde et sans y penser, avait mis dans son contrat que tout lui appartiendrait et qu’il dépouillerait mes héritiers[1].
Si mon cher Isaac[2] va au printemps en Provence, je suis sur la route ; j’irai au-devant de lui en chantant : Hozanna filio Belzebuth !
Adieu, mon cher président. Ne manquez pas surtout, je vous en prie, d’assurer M. Le Gouz de ma tendre reconnaissance : ce sont des sentiments que je conserverai pour vous et pour lui toute ma vie. V.