Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6585

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 508-509).

6585. — À M. DAMILAVILLE.
24 novembre.

Eh bien ! mon cher et vertueux ami, imprime-t-on le mémoire pour les Sirven ? Viendrons-nous enfin à bout de cette affaire, qui intéresse l’humanité entière ?

Je vous ai dit sans doute, et si je ne vous l’ai pas dit, je le redis ; et, si je l’ai redit, je le redis encore : Il est avéré, prouvé, démontré, que ce malheureux Jean-Jacques ne m’avait écrit, pour prix de mes bontés, une lettre très-insolente sur les spectacles[1] que pour engager avec moi une querelle, pour soulever contre moi les prêtres et les autres gueux[2] de Genève, et pour me faire sortir des Délices. M. Tronchin est très-instruit d’une partie de cette intrigue, et j’ai les preuves de l’autre. Il n’y a jamais eu de pareil monstre dans la littérature, pas même Fréron ; voilà ce qu’il faut qu’on sache. Je me reprocherais de m’être même moqué de ce polisson, si je n’étais justifié par ses scélératesses. Je vous prie d’envoyer ce petit billet à M. de Marmontel. J’espère qu’enfin l’abbé Coyer rendra gloire à la vérité.

Je vous embrasse aussi tendrement que faire se peut.

  1. Dans la lettre de J.-J. Rousseau à Voltaire, du 17 juin 1760, on ne trouve pas une seule fois le mot spectacles, ni celui de théâtre : mais dans le reproche que Rousseau fait à Voltaire d’avoir perdu Genève (voyez tome XL, page 423, il en parler des représentations théâtrales. Voltaire, au reste, veut parler de la lettre de J.-J. Rousseau à M. d’Alembert, sur son article Genève, dans le septième volume de l’Encyclopédie, et particulièrement sur le projet d’établir un théâtre de comédie en cette ville ; 1758, in-8o.
  2. Le mot autres est restitué d’après le manuscrit.